L’annonce d’une surtaxe de 25 % marque une escalade dans la politique économique protectionniste des États-Unis. Après avoir visé la Colombie en 2018, Washington s’attaque aujourd’hui à ses partenaires nord-américains. L’Union européenne est dans le viseur, Donald Trump ayant promis un relèvement des taxes « très bientôt ».
Les répercussions se sont fait sentir immédiatement sur les marchés financiers, provoquant des secousses jusqu’au bitcoin. Pour la Suisse, dont les exportations vers les États-Unis s’élèvent à 65 milliards de francs, cette situation représente un défi majeur. Un quart des groupes cotés à la Bourse de Zurich pourrait être directement impacté, selon les analystes de Vontobel.
Un commerce bilatéral menacé par le protectionnisme
Les États-Unis sont le premier partenaire économique de la Suisse, devant l’Allemagne. En 2024, ils ont importé 65 milliards de francs de produits suisses, dont la moitié provient du secteur pharmaceutique. Les produits immunologiques, comme les traitements contre le cancer et les anticorps monoclonaux, constituent la principale source de revenus des exportations suisses vers les États-Unis. D’autres secteurs sont également concernés :
- L’horlogerie, avec plus de 2 milliards de francs de montres suisses vendues.
- Le café torréfié, notamment sous forme de dosettes.
- Les prothèses orthopédiques.
- L’or, avec des échanges représentant 10 milliards de francs.
En retour, la Suisse achète 25 milliards de francs de produits américains, principalement des médicaments, de l’or et du pétrole. Parmi ces importations figurent aussi 100 millions de francs de voitures électriques, dont des Tesla, ainsi que 100 millions de grosses cylindrées à moteur V6 ou V8.
Les secteurs suisses les plus exposés
Les industries les plus touchées seront celles qui exportent directement vers les États-Unis. Les entreprises suisses concernées devront répercuter la hausse des taxes sur leurs clients, une stratégie qui pourrait fonctionner pour celles disposant d’un fort pricing power ou d’une valeur ajoutée différenciante, selon Jean-Philippe Baertschy, analyste chez Vontobel. Les entreprises les plus exposées sont :
- Les sous-traitants automobiles, qui fournissent des pièces et composants aux constructeurs américains.
- Landis+Gyr, spécialiste des compteurs électriques.
- Tecan, fabricant de machines pour laboratoires.
- Logitech, avec ses claviers et périphériques.
- Pierer Mobility, propriétaire des marques KTM et Husqvarna.
En revanche, certaines entreprises pourraient tirer parti de la situation. Holcim, qui fabrique son ciment et ses tuiles directement aux États-Unis, pourrait augmenter ses tarifs tout en restant compétitif face aux importations taxées. De son côté, SGS, le géant genevois de la certification, pourrait bénéficier de la réorganisation des chaînes d’approvisionnement imposée par les nouvelles barrières douanières.
Berne entre deux fronts commerciaux
Cette situation place la Suisse dans une position délicate. Berne souhaite négocier rapidement un accord de libre-échange avec Washington, mais la montée du protectionnisme complique cette ambition. Dans le même temps, la Suisse doit gérer ses relations avec l’Union européenne, avec qui elle est engagée dans des négociations complexes sur plusieurs volets économiques.
Alors que la guerre commerciale s’intensifie, les entreprises suisses devront s’adapter aux nouvelles contraintes pour protéger leur compétitivité sur le marché américain, tout en anticipant d’éventuelles restructurations dans les échanges internationaux.