Le marché du travail suisse exerce une forte attractivité sur les régions environnantes, notamment autour du canton de Genève. Le nombre de frontaliers français travaillant en Suisse continue d’augmenter, et cette situation crée des écarts salariaux significatifs entre ceux qui franchissent la frontière et ceux qui choisissent de rester en France.
En effet, les frontaliers français peuvent gagner jusqu’à 160% de plus que les travailleurs qui ne franchissent pas la frontière, une réalité qui se vérifie dans plusieurs communes du Grand Genève. Ces écarts de revenus ont des répercussions sur l’économie locale, les prix et le niveau de vie des habitants des zones frontalières, tout en exacerbant certaines inégalités économiques.
Les revenus des frontaliers : jusqu’à 160% de plus que les non-frontaliers
Les travailleurs frontaliers résidant dans la région du Genevois français bénéficient de salaires bien supérieurs à ceux des non-frontaliers. Selon le dernier rapport de l’Observatoire statistique transfrontalier (OST), les frontaliers vivant dans cette zone touchent un revenu médian disponible de 45 900 francs par an, contre 21 600 francs pour les non-frontaliers, soit un écart de 112%. Cet écart est encore plus frappant dans certaines communes. Par exemple, dans l’agglomération d’Annemasse, les frontaliers gagnent 126% de plus que leurs homologues non-frontaliers. Dans le Pays de Gex, cet écart atteint même 169%, mettant en lumière la différence de revenus dans ces zones proches de la frontière.
Ce revenu élevé des frontaliers est avant tout dû à la différence de salaires entre la Suisse et la France. Les salaires en Suisse, et particulièrement dans des régions comme Genève, sont beaucoup plus élevés que ceux perçus en France. Ces différences se traduisent directement par des niveaux de vie supérieurs pour les frontaliers, qui bénéficient de rémunérations souvent bien plus élevées que les travailleurs non frontaliers dans les régions françaises avoisinantes.
De plus, cette différence de revenus permet aux frontaliers de vivre dans des conditions comparables à celles des habitants du canton de Genève, dont le revenu médian disponible s’élève à 49 000 francs par an. En revanche, les non-frontaliers, qui perçoivent des salaires bien plus modestes, ont un niveau de vie plus proche de celui de la région Auvergne-Rhône-Alpes (24 700 francs par an), ce qui crée une disparité économique nette entre les deux groupes.
Des différences notables selon les communes et la parité de pouvoir d’achat
Dans certaines communes françaises proches de la frontière, les frontaliers gagnent même plus que leurs homologues suisses. Par exemple, à Divonne-les-Bains, le revenu médian disponible atteint 48 200 francs par an, surpassant ainsi celui de Carouge, qui s’élève à 48 100 francs, ou de Genève (46 800 francs). Toutefois, il convient de préciser que ce montant à Divonne-les-Bains concerne tous les ménages actifs, frontaliers comme non-frontaliers, de sorte que les frontaliers perçoivent probablement un revenu encore plus élevé. En revanche, dans des communes suisses comme Cologny ou Collonge-Bellerive, le revenu médian disponible est bien supérieur, atteignant 72 900 francs par an.
Bien que ces chiffres permettent de quantifier l’écart entre les salaires en Suisse et en France, l’OST souligne que la parité de pouvoir d’achat n’est pas prise en compte dans ces calculs. Autrement dit, les différences de prix des biens et services de part et d’autre de la frontière ne sont pas intégrées, bien que l’on sache que la Suisse reste globalement plus chère que la France, notamment pour les logements et certains services.
Les écarts de salaire observés ne concernent pas seulement les travailleurs français. Une partie des frontaliers travaillant en Suisse vient de la Suisse elle-même, explique Watson. Selon l’OST, la majorité des Suisses résidant en France travaille dans leur pays d’origine, principalement dans des secteurs de cadres. Les frontaliers français, en revanche, sont généralement issus de catégories socioprofessionnelles intermédiaires ou d’emplois plus modestes, mais bénéficient néanmoins de salaires bien plus élevés grâce à l’économie suisse.








