La Société suisse de radiodiffusion et télévision (SSR), qui regroupe la Radio Télévision Suisse (RTS) et d’autres médias publics, fait face à un avenir économique incertain. Dans un contexte de réduction des recettes, le groupe a annoncé la suppression de 900 postes d’ici 2029, représentant environ 12,9% de son effectif total de 7 000 collaborateurs.
Cette restructuration s’inscrit dans une stratégie d’économies visant à alléger un budget de plus de 270 millions de francs, soit environ 17% du budget prévu pour 2024. Le groupe justifie cette réduction par une série de facteurs externes et internes, dont la baisse de la redevance audiovisuelle, les exonérations fiscales pour certaines entreprises, et la chute des recettes publicitaires.
Un modèle économique en mutation : les raisons d’une restructuration
La décision de la SSR de procéder à la suppression de 900 postes est largement motivée par une pression financière croissante, amplifiée par une série de changements externes. Le groupe a été confronté à une baisse continue de ses recettes en raison de la réduction de la redevance audiovisuelle. En 2024, celle-ci a été réduite de 335 à 300 francs, une diminution qui se cumule avec des exonérations fiscales octroyées à certaines entreprises, ce qui a considérablement réduit les recettes de la SSR. Ce phénomène est d’autant plus préoccupant que la SSR est déjà confrontée à la réduction de ses revenus publicitaires, une situation exacerbée par la montée en puissance des plateformes numériques et des services de streaming, qui captent une part de plus en plus importante du marché publicitaire.
La SSR prévoit d’économiser 270 millions de francs d’ici 2029, soit environ 17% de son budget pour 2024. Pour y parvenir, la société envisage de réduire ses coûts dans divers secteurs, allant de la simplification de sa structure organisationnelle à la diminution de ses dépenses opérationnelles. Une des premières mesures annoncées est la réduction de la taille du Comité de direction, un signal fort de rationalisation de la gouvernance. Ces ajustements doivent permettre à la SSR de se réorganiser pour mieux faire face aux défis financiers tout en conservant sa mission de service public.
La direction de la SSR, tout en regrettant ces suppressions, souligne qu’elles sont devenues inévitables dans un contexte économique difficile. Toutefois, elle affirme que des efforts seront déployés pour que cette réorganisation soit menée de manière responsable. Les départs non remplacés et les retraites contribueront à alléger cette charge, mais des licenciements restent inévitables, touchant notamment les secteurs les plus affectés par la baisse des recettes.
Le contexte politique : l’impact de l’initiative «200 francs, ça suffit!»
Si les défis financiers de la SSR sont au cœur de cette réorganisation, le contexte politique suisse joue également un rôle crucial dans les décisions prises par le groupe. Le financement de la SSR a régulièrement fait l’objet de discussions publiques et politiques. En particulier, l’initiative populaire «200 francs, ça suffit!», qui propose une nouvelle réduction de la redevance audiovisuelle, sera soumise au vote le 8 mars 2026, rappelle 20min. Si cette initiative est adoptée, elle pourrait entraîner une nouvelle perte importante de revenus pour la SSR, exacerbant ainsi les difficultés financières du groupe.
La SSR a précisé que ses décisions actuelles étaient prises dans le cadre du contexte politique et économique, susceptible d’évoluer rapidement en fonction des résultats de cette votation. Si l’initiative venait à passer, la SSR serait contrainte de revoir encore ses priorités et ses choix financiers pour maintenir son modèle économique. Cette incertitude sur les futurs financements publics fait peser une pression supplémentaire sur l’organisation, qui doit faire face à des attentes contradictoires : celle de maintenir une offre de service public de qualité tout en optimisant ses ressources face à un marché de plus en plus concurrentiel.
La situation de la SSR illustre bien les défis auxquels sont confrontés les médias publics en Suisse et ailleurs en Europe. Alors que la transition numérique et la diversification des modes de consommation bouleversent les modèles traditionnels, les médias publics doivent adapter leur fonctionnement pour rester compétitifs tout en remplissant leur mission de service public.








