En ce mois de décembre, le prix de l’or atteint des niveaux records, dépassant les 4300 dollars l’once, et retrouve ainsi presque son pic d’octobre. Depuis le début de l’année, le métal précieux a vu son prix augmenter de 42%, une performance exceptionnelle comparée à celle d’autres actifs financiers.
Cette hausse a créé une forte demande, particulièrement ressentie en Suisse, où de nombreux commerçants notent un afflux d’acheteurs, notamment en provenance d’Allemagne, avant les fêtes de Noël. Si ce phénomène est traditionnellement observé avant les fêtes, il semble avoir pris de l’ampleur en 2025, particulièrement avec le retour des clients allemands après la pandémie.
Les conditions avantageuses de la Suisse pour les acheteurs allemands
Une des principales raisons de l’afflux d’acheteurs allemands en Suisse est liée aux conditions fiscales et douanières plus souples qui y prévalent. En Suisse, jusqu’à 15 000 francs suisses, l’or peut être acheté sans nécessité de justifier son identité ou l’origine des fonds. En Allemagne, la limite est beaucoup plus basse, à 2 000 euros, ce qui pousse certains Allemands à se rendre en Suisse pour profiter de cette exonération fiscale.
De plus, l’or d’une valeur inférieure à 10 000 euros peut être transporté entre la Suisse et l’Allemagne sans obligation de déclaration, car il est considéré comme de l’argent liquide par les autorités douanières. Cette règle permet aux acheteurs d’éviter les formalités administratives complexes et de multiplier les limites d’exonération en se rendant en famille ou en couple. Ainsi, certains acheteurs allemands profitent de ces seuils pour acheter en quantité et maximiser leurs avantages fiscaux.
Avant la pandémie, les commerçants suisses avaient déjà constaté une forte présence de clients allemands, mais en 2025, l’afflux a repris de manière notable. Les raisons de cette tendance sont multiples, mais la recherche d’avantages fiscaux et la hausse des prix de l’or jouent un rôle majeur dans ce phénomène.
Les négociants en or suisses, comme Philoro, sont particulièrement sollicités. Christian Iten, responsable des relations publiques chez Philoro, qui possède des succursales à Zurich et Wittenbach, confie à Blick, que désormais, environ un client sur cinq vient d’Allemagne.
L’ombre du passé fiscal et les préoccupations douanières
L’augmentation du tourisme de l’or entre la Suisse et l’Allemagne rappelle, dans une certaine mesure, les périodes où des évadés fiscaux allemands cherchaient à dissimuler leurs avoirs en Suisse. Ce phénomène de « planquage » d’or, bien que moins fréquent aujourd’hui, reste un sujet de discussion dans les médias allemands. Un reportage de la chaîne SWR a évoqué des parallèles avec cette époque, mais les autorités douanières ne voient pas de similitudes évidentes.
Un porte-parole du bureau des douanes de la région de Ulm, chargé des postes-frontières du sud-est de l’Allemagne, a précisé qu’il n’y a pas de lien direct avec les anciennes pratiques d’évasion fiscale, où de grandes quantités d’argent liquide et d’or étaient saisies. Toutefois, cette absence de déclaration des quantités d’or inférieures aux seuils fixés laisse place à certaines préoccupations. En effet, l’absence de données fiables concernant l’or importé légalement en dessous du seuil de déclaration empêche une évaluation précise du volume réel du phénomène.
Malgré ces précautions, certains experts estiment que l’or est devenu un moyen pour certains Allemands de convertir des revenus non déclarés en métaux précieux. Cela reste une pratique risquée, car le transport d’importantes sommes d’argent liquide comporte de nombreuses incertitudes et dangers juridiques. Bien que l’or soit une forme d’investissement relativement discrète, la question de son utilisation pour des pratiques fiscales douteuses est loin d’être résolue.
