La Banque nationale suisse (BNS) a décidé de maintenir son taux directeur à 0,00%, un choix largement anticipé par les économistes. Cette décision s’inscrit dans un contexte de croissance modérée et de tensions commerciales croissantes, notamment dues aux tarifs américains imposés sur certains produits suisses.
Alors que la BNS avait réduit son taux à six reprises depuis mars 2024, cette nouvelle position marque une pause dans cette série de baisses. La politique de taux d’intérêt zéro est perçue comme un moyen de maintenir la stabilité économique sans précipiter des mesures plus extrêmes, telles que le recours aux taux négatifs.
Une politique monétaire stable face à l’incertitude commerciale
Le principal facteur influençant la décision de la BNS est l’impact des politiques commerciales internationales, en particulier les droits de douane imposés par les États-Unis sur les exportations suisses. Depuis l’introduction de ces tarifs punitifs, en particulier ceux affectant les produits de l’industrie des machines et de l’horlogerie, la BNS a observé une dégradation des perspectives économiques pour l’année à venir. Les droits de douane de 39% sur les biens suisses exportés vers les États-Unis pèsent sur la compétitivité de ces secteurs, dont l’importance pour l’économie helvétique est indéniable.
Martin Schlegel, président du directoire de la BNS, a précisé en conférence de presse ce jeudi, que la banque centrale restait prête à abaisser davantage les taux si nécessaire, mais que ce scénario ne se concrétiserait que si la situation devenait suffisamment grave pour nuire à la mission de la BNS, à savoir maintenir la stabilité des prix. Actuellement, la BNS semble juger que les effets des tarifs américains, bien que négatifs, ne justifient pas encore une politique plus agressive, comme le recours aux taux négatifs.
Pour les économistes, l’incertitude liée aux tensions commerciales et aux sanctions économiques constitue un enjeu majeur. Cependant, malgré ces tensions, la BNS privilégie une approche de « statu quo », au moins à court terme, et attend de voir si la situation évolue vers une nécessité de nouvelles mesures. La banque centrale surveille de près les effets sur l’industrie suisse, mais aussi sur la demande intérieure et l’investissement.
Une faible pression inflationniste permet de maintenir le statu quo
En dépit des défis externes, la BNS fait face à une faible pression inflationniste en Suisse. Selon les dernières prévisions, l’inflation devrait demeurer modérée avec une estimation de 0,7% pour 2025 et de 0,5% pour 2026. La stabilité des prix constitue l’un des objectifs principaux de la BNS, et pour le moment, la faible inflation permet de maintenir la politique monétaire actuelle sans qu’il soit nécessaire d’introduire des taux d’intérêt négatifs, comme cela a pu être envisagé dans le passé.
D’autres facteurs, comme la croissance des salaires réels et un marché du travail relativement solide, soutiennent la demande intérieure, ce qui constitue un point positif pour l’économie suisse. Cette demande intérieure stable compense partiellement les pertes liées aux exportations, permettant ainsi de maintenir une certaine résilience face à la pression économique externe.
Le rôle de la BNS, dans ce contexte, est de s’assurer que les conditions économiques ne se détériorent pas au point de nuire à la stabilité des prix, un mandat qu’elle entend remplir sans précipitation. De plus, les économistes sont de plus en plus attentifs aux discussions internes à la BNS, notamment les procès-verbaux des réunions de la banque centrale, qui devraient offrir davantage de transparence sur les décisions prises.
La BNS a donc préféré rester sur une position stable, en maintenant son taux directeur à zéro, tout en gardant un œil vigilant sur les événements mondiaux. Les économistes s’attendent à ce que la BNS réévalue sa politique monétaire d’ici décembre, en fonction de l’évolution de la situation économique et des tensions commerciales. La politique de taux d’intérêt bas devrait perdurer tant que l’inflation reste sous contrôle et que les perspectives économiques n’exigent pas de mesures plus radicales.








