Le tarif des consultations psychothérapeutiques en Suisse reste au cœur d’un vif débat. Alors que les assureurs militent pour une baisse des prix, les psychologues dénoncent un tarif insuffisant pour assurer la viabilité de leur profession.
Le Conseil fédéral, quant à lui, refuse d’intervenir, laissant les négociations se poursuivre entre les parties concernées. Le différend porte sur le montant de 154,80 francs par séance, jugé excessif par les assureurs et insuffisant par les psychologues. Ce blocage suscite des inquiétudes quant à l’accès aux soins et à l’avenir de la profession.
Un tarif unique remis en question
Depuis l’entrée en vigueur du modèle de prescription en 2022, les consultations en psychothérapie sont prises en charge par l’assurance maladie obligatoire à hauteur de 154,80 francs par heure. Ce montant, défini au niveau cantonal, remplace l’ancien système où les psychologues travaillaient sous la supervision de psychiatres. Les assureurs, eux, jugent ce tarif trop élevé et rappellent qu’avant 2022, une séance coûtait en moyenne 133 francs. Ils estiment que cette augmentation n’est pas justifiée et qu’elle entraîne une augmentation des dépenses de santé, pesant sur le système d’assurance maladie.
De leur côté, les psychologues estiment que le montant actuel ne couvre pas suffisamment leurs frais de cabinet et de formation continue. La Fédération suisse des psychologues (FSP) revendique une réévaluation du tarif afin de garantir un salaire équitable et d’assurer l’attractivité de la profession. Les praticiens font également valoir que la demande en soins psychologiques ne cesse d’augmenter, notamment en raison de la détérioration de la santé mentale dans la population suisse. Une tarification trop basse, selon eux, mettrait en péril la qualité des soins et limiterait l’accès des patients aux traitements nécessaires.
Un blocage politique qui prolonge l’incertitude
Face à ces revendications, le Conseil fédéral a fait savoir qu’il ne comptait pas s’impliquer dans les discussions tarifaires, préférant laisser les assureurs et les psychologues trouver un compromis, relate la RTS. Cette décision a été confirmée en réponse à une interpellation de Sibel Arslan, conseillère nationale du parti Les Verts, qui alertait sur la précarisation de la profession de psychothérapeute. L’absence d’intervention de l’État prolonge l’incertitude et empêche la mise en place de solutions durables pour toutes les parties concernées.
La FSP alerte sur les risques d’un tarif trop bas, qui pourraient dissuader les jeunes professionnels de s’installer et aggraver les difficultés d’accès aux soins. Les patients, déjà confrontés à de longues listes d’attente, pourraient être encore plus pénalisés si les psychologues se détournent parfois de l’assurance de base pour proposer uniquement des consultations privées, souvent inaccessibles pour les plus précaires. Dans ce contexte, l’absence d’un cadre tarifaire adapté risque de creuser les inégalités et de fragiliser encore davantage l’offre de soins en santé mentale.
Tandis que les négociations restent ouvertes, la profession de psychothérapeute attend une décision qui pourrait impacter durablement son avenir et celui des patients en quête de soutien.