En Suisse, l’assurance maladie repose sur une structure de primes divisée en trois catégories : enfants, jeunes adultes et adultes. Mais une fois les 26 ans atteints, la distinction disparaît, et tous les adultes paient une prime annuelle moyenne uniforme, quelle que soit leur consommation de soins. Ce modèle crée un déséquilibre marqué : les seniors, bien qu’ils représentent un quart des contributeurs, génèrent près de la moitié des dépenses de santé, soit 34,6 milliards de francs en 2023.
Avec le vieillissement de la population, cette disparité s’accroît, plaçant les jeunes familles sous une pression financière de plus en plus forte. Ces dernières, souvent bénéficiaires de subsides, peinent à suivre la hausse des primes, qui reste l’une des principales préoccupations des Suisses, selon le baromètre UBS.
Face à ce déséquilibre, Philippe Nantermod, élu du PLR, a déposé une interpellation auprès du Conseil fédéral pour évaluer l’impact d’une surtaxe pour les plus de 65 ans. Selon lui, cette mesure permettrait de rééquilibrer les charges entre générations et de soulager les familles, principales victimes de l’inflation des primes. Nantermod espère ainsi voir des modèles de calcul développés pour évaluer l’effet potentiel d’un supplément de prime pour les seniors, sans pour autant préciser le montant exact envisagé.
La levée de boucliers des associations de retraités
Cette idée a immédiatement suscité une opposition farouche. La Fédération des associations des retraités et de l’entraide en Suisse (FARES) a dénoncé une « prime punitive » et « profondément injuste ». Selon elle, une surtaxe pour les seniors violerait le principe fondamental de solidarité intergénérationnelle, en faisant peser une charge supplémentaire sur des retraités ayant déjà contribué toute leur vie au système.
Les opposants rappellent également que les retraités participent activement à la société, notamment en gardant leurs petits-enfants, pour une valeur estimée à plusieurs milliards de francs chaque année. Ce rôle social, selon eux, doit être pris en compte dans toute réflexion sur les contributions des aînés.
Un débat ancré dans les réalités économiques
Toutefois, certaines études soutiennent l’idée d’une révision des primes. Selon une enquête de l’Office fédéral des assurances sociales, les retraités suisses figurent parmi les mieux dotés en patrimoine. La moitié des couples de retraités disposent d’un avoir médian de 563 000 francs, contre 397 800 francs pour les actifs. Cette situation, renforcée par des héritages et des retraits de fonds de prévoyance, alimente l’idée que les seniors pourraient supporter une part plus importante des coûts sans affecter leur qualité de vie.
La question, hautement sensible, dépasse les seules primes d’assurance maladie. Elle met en lumière des tensions croissantes autour de la répartition des charges entre générations. Pour Philippe Nantermod, la discussion est nécessaire, même si elle provoque des réactions critiques. Il défend l’idée que les jeunes, en soutenant les aînés, ont vu leur part de croissance économique « mangée » ces dernières années.