Les Suisses face à une retraite incertaine : 58% des actifs redoutent leur avenir financier

L’inquiétude grandissante des actifs suisses face à leur avenir financier souligne la nécessité d’une réforme ou d’une réévaluation des systèmes de prévoyance.

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Les Suisses face à une retraite incertaine : 58% des actifs redoutent leur avenir financier : Crédit : Canva | Econostrum.info - Suisse

La question de la retraite est devenue un véritable enjeu en Suisse, particulièrement pour la population active qui s’interroge sur sa capacité à maintenir son niveau de vie une fois à la retraite. Selon une étude de Swiss Life, une majorité de Suisses actifs exprime des inquiétudes croissantes concernant leur avenir financier. 

Cette inquiétude contraste fortement avec la situation plus sereine des retraités actuels, qui semblent être dans une position plus favorable. Alors que le système de prévoyance suisse est souvent cité comme un modèle, il apparaît que de nombreux actifs en Suisse ne sont pas suffisamment confiants pour voir leur avenir sereinement.

Un optimisme plus marqué chez les retraités, mais une inquiétude persistante chez les actifs

Selon l’étude de Swiss Life, 58% des Suisses actifs se disent préoccupés par leur capacité à maintenir leur niveau de vie une fois arrivés à la retraite. En contrepartie, seulement 42% des personnes actives estiment être capables de maintenir leur standard de vie habituel à la retraite. Ce chiffre illustre une profonde incertitude financière parmi la population active, bien que la Suisse dispose d’un des systèmes de prévoyance les plus solides au monde. En outre, 55% des personnes interrogées pensent qu’elles n’atteindront pas les principaux objectifs qu’elles s’étaient fixés pour leur retraite. Cette inquiétude est renforcée par le sentiment que les conditions économiques actuelles, notamment la hausse du coût de la vie, rendent difficile une planification sereine.

Ce pessimisme contraste fortement avec les retraités actuels : 71% d’entre eux déclarent avoir réussi à maintenir leur niveau de vie après la retraite. Cette différence pourrait être attribuée à plusieurs facteurs, dont l’amélioration des dispositifs de prévoyance dans le passé, mais aussi à un changement dans les attentes des actifs. De nombreux jeunes actifs, par exemple, n’ont pas la même stabilité ou les mêmes ressources que les retraités qui ont bénéficié de plusieurs années de cotisations plus élevées et de retraites plus généreuses.

Les changements nécessaires pour restaurer la confiance des actifs dans leur avenir financier sont clairement identifiés : 41% des sondés mentionnent une baisse du coût de la vie comme une mesure clé, 38% citent une réduction des frais de santé et des soins à la retraite, et 33% plaident pour une meilleure évolution des salaires. Autrement dit, les préoccupations économiques actuelles, notamment en matière de santé et d’inflation, sont perçues comme des obstacles majeurs à la préparation d’une retraite confortable.

Des inégalités financières et un épargne insuffisante face aux défis à venir

L’étude révèle également que la situation financière des ménages varie considérablement selon le statut familial et les revenus. Les couples retraités sont, dans leur grande majorité, satisfaits financièrement, avec 72% d’entre eux affirmant avoir maintenu un niveau de vie stable après la retraite. En revanche, les parents célibataires actifs semblent moins protégés financièrement, avec seulement 32% d’entre eux se déclarant satisfaits de leur situation. Ce fossé souligne des inégalités structurelles dans l’accès aux ressources et à la prévoyance, rendant plus difficile la préparation d’une retraite sereine pour les ménages les plus vulnérables.

L’évolution de la situation financière des Suisses au cours de l’année écoulée montre également des signes de fragilité. En effet, 38% des Suisses, âgés de 18 à 80 ans, estiment que leur situation financière s’est dégradée, principalement à cause de la hausse des primes de caisse maladie (51%) et de l’augmentation des prix des biens de consommation (35%). À l’inverse, 17% rapportent une amélioration, tandis que 45% n’ont constaté aucun changement. Ces chiffres révèlent que la pression financière sur les ménages suisses est de plus en plus forte, ce qui affecte leur capacité à épargner pour la retraite.

L’épargne reste cependant une priorité pour une grande partie de la population active. Environ 62% des Suisses en âge de travailler parviennent à épargner, un chiffre stable depuis une décennie. Cependant, les objectifs d’épargne varient selon les tranches d’âge. Les jeunes, notamment, épargnent souvent pour des projets de consommation à court terme, comme l’achat d’une maison ou de voitures, ou pour des vacances. En revanche, les personnes âgées de 55 à 64 ans ont des objectifs plus orientés vers leur retraite, avec 45% d’entre eux mettant de l’argent de côté dans ce but spécifique.

En outre, une autre observation clé de l’étude concerne le niveau de compréhension des systèmes de prévoyance. Si 58% des personnes interrogées affirment avoir une bonne connaissance de la prévoyance et des placements, la réalité semble plus complexe. Les notions fondamentales, telles que le « système des trois piliers » (67%) ou l’« AVS / 1er pilier » (64%), sont bien comprises, mais des termes plus spécifiques, comme le « taux de conversion » ou la « déduction de coordination », restent flous pour de nombreux Suisses. Cette lacune dans la compréhension pourrait expliquer une certaine méfiance à l’égard du système de prévoyance, qui est pourtant un élément central de la sécurité financière à la retraite.

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