Les Suisses optent pour un retour vers le mazout et le gaz

Après une décennie marquée par une adoption massive des pompes à chaleur, la hausse des prix de l’électricité et la baisse des coûts des énergies fossiles bouleversent les tendances. Les impacts, à la fois économiques et écologiques, risquent d’affecter durablement les ambitions climatiques du pays.

Photo de Sarah Talbi, une jeune femme aux cheveux longs et châtains, portant des lunettes et un haut noir à manches courtes avec des détails en dentelle. Elle sourit légèrement et se tient devant un fond uni de couleur corail vif.
Par Sarah Talbi Publié le 1 décembre 2024 à 15h12
Chauffage Au Gaz
Les Suisses optent pour un retour vers le mazout et le gaz - © Econostrum.info

En Suisse, les ambitions climatiques rencontrent une réalité complexe. Alors que le pays vise la neutralité carbone d'ici 2050, un changement de comportement des propriétaires met en péril cette trajectoire. Après une adoption massive des pompes à chaleur, une part croissante des ménages opte à nouveau pour des chauffages au mazout et au gaz.

En effet, entre 2023 et 2024, les installations de pompes à chaleur ont chuté d'un tiers, tandis que celles de chaudières à gaz et au mazout ont bondi de 12 %. Cette inversion, causée par la hausse des prix de l'électricité et la baisse des coûts des hydrocarbures, freine la transition énergétique et pose des défis écologiques majeurs. En outre, plus de 50 % des bâtiments en Suisse sont encore chauffés par des énergies fossiles. Les nouvelles installations de chaudières risquent de maintenir ce statu quo pendant plusieurs décennies, rendant difficile l’atteinte des objectifs fixés par l'Accord de Paris.

Une progression freinée par les coûts de l'électricité

Les pompes à chaleur, qui avaient connu une progression fulgurante, voient leur popularité s'effondrer. En 2024, les installations ont chuté d'un tiers par rapport à l'année précédente. Cette baisse s'explique par une conjonction de facteurs économiques, à savoir l'électricité qui coûte plus cher et les prix du pétrole et du gaz qui ont reculé, rendant les chaudières fossiles plus attractives.

Selon Philippe Ranc, du Groupement professionnel suisse pour les pompes à chaleur, cette situation a un impact direct sur l'emploi dans le secteur qui connait des licenciements chez les fabricants et les fournisseurs. Ce retournement de tendance a commencé dès fin 2023, lorsque les craintes liées à la crise énergétique ont diminué.

Une menace pour les objectifs climatiques suisses

Le ralentissement de la transition énergétique ne se limite pas à des chiffres de vente. Les choix de chauffage des propriétaires ont un impact direct sur les émissions de CO2, les bâtiments représentant près d'un quart des émissions de gaz à effet de serre du pays. Si ces nouvelles chaudières fonctionnent encore en 2040 ou 2050, atteindre la neutralité carbone deviendra un défi redoutable.

Marc Müller, ingénieur en énergie, alerte sur le rythme insuffisant des rénovations en affirmant qu'à 1 % de bâtiments rénovés par an, la Suisse est loin des 3 à 4 % nécessaires pour respecter les objectifs climatiques de Paris. En 2024, cette dynamique est encore plus préoccupante, avec un retour notable aux solutions fossiles.

Des solutions cantonales inégales pour accélérer la transition

Pour inverser la tendance, la Suisse mise sur des incitations financières et des réglementations locales. La Confédération prévoit d'investir deux milliards de francs sur dix ans pour soutenir l'isolation et les pompes à chaleur. Dans certains cantons, comme Genève, les restrictions sur les chauffages fossiles sont strictes. À l'inverse, le Valais permet encore leur installation, bien que des conditions sur l'isolation entrent en vigueur dès 2025. Malgré ces mesures, plus de 50 % des habitations suisses restent chauffées au mazout ou au gaz. La transition énergétique, bien qu'amorcée, avance à un rythme insuffisant pour garantir une réduction rapide des émissions de CO2.

Suivez-nous sur Google News Econostrum.info - Soutenez-nous en nous ajoutant à vos favoris Google Actualités.

Aucun commentaire à «Les Suisses optent pour un retour vers le mazout et le gaz»

Laisser un commentaire

Les Commentaires sont soumis à modération. Seuls les commentaires pertinents et étoffés seront validés. - * Champs requis