Le 22 septembre 2024, les Suisses ont massivement rejeté deux réformes majeures. Ces deux votes, bien qu’anticipés par les sondages, confirment une opposition marquée à des changements jugés trop radicaux par une majorité des électeurs.
En effet, la réforme de la biodiversité, soutenue par des organisations environnementales, et la réforme des retraites, promue par le gouvernement, ont chacune été rejetées par une majorité écrasante d’électeurs suisses. Ces deux initiatives faisaient l’objet d’une attention particulière, compte tenu de leurs implications pour l’avenir environnemental et social du pays.
Un « non » catégorique pour la réforme des retraites
La réforme du financement des retraites, l’un des sujets phare du référendum tenu le dimanche, a subi un revers cuisant. Voulue par le gouvernement pour répondre aux difficultés croissantes du système de prévoyance, elle n’a convaincu que 31 % des électeurs. En Suisse, le système de retraite repose sur trois piliers, à savoir, la prévoyance étatique, professionnelle et privée, seuls les deux premiers étant obligatoires.
Le gouvernement s’inquiète de la pression exercée sur le deuxième pilier, financé par les cotisations des entreprises, en raison des faibles rendements des marchés financiers et de l’allongement de l’espérance de vie. Toutefois, les syndicats et la gauche se sont fermement opposés à cette réforme, qu’ils considèrent comme une trahison envers les travailleurs. Avec 67 % des électeurs rejetant cette proposition, les syndicats ont remporté une victoire décisive.
Une initiative biodiversité largement rejetée
Portée par des organisations environnementales de premier plan comme Pro Natura, BirdLife et Patrimoine Suisse, l’initiative biodiversité avait pour objectif d’augmenter les efforts de protection de la nature et des paysages, même en dehors des zones actuellement protégées. Ce projet, ambitieux, réclamait plus de moyens pour préserver la biodiversité dans un pays où 13,4 % du territoire est dédié à cette cause, selon l’Office fédéral de l’environnement (OFEV).
Cependant, malgré le soutien des écologistes, le texte a été rejeté par près de 66 % des votants, selon les premières projections. Le Conseil fédéral et de nombreux acteurs économiques, notamment les agriculteurs, ont jugé que l’initiative allait trop loin. Selon eux, elle aurait imposé des contraintes trop lourdes pour l’agriculture, déjà soumise à de nombreuses régulations.
Ce rejet est d’autant plus significatif que la Suisse affiche l’un des taux les plus élevés d’espèces menacées parmi les pays de l’OCDE. Un rapport de l’Agence européenne pour l’environnement, publié en 2020, révélait que la Suisse avait le plus faible pourcentage de zones protégées par rapport à son territoire national parmi les pays européens. Pourtant, en 2022, lors de la COP15 à Montréal, les pays s’étaient engagés à protéger 30 % des terres et mers mondiales d’ici 2030. La Suisse semble encore loin de cet objectif.