L’attrait pour les smartphones neufs en Suisse semble avoir diminué au fil des années, une évolution qui s’explique notamment par la hausse des prix. Les modèles haut de gamme dépassent désormais souvent les 1000 francs, ce qui repousse de nombreux consommateurs. À cela s’ajoute le fait que les téléphones modernes bénéficient désormais de mises à jour logicielles pendant plusieurs années, permettant à beaucoup de les conserver plus longtemps. Ces changements rendent l’achat d’un smartphone neuf moins nécessaire qu’auparavant.
Si cette évolution est en partie économique, elle répond aussi à une volonté d’écologie et de durabilité. Les Suisses semblent de plus en plus réticents à acheter du neuf systématiquement, privilégiant des solutions plus durables. Cela se reflète dans la montée en puissance des modèles d’occasion, une alternative qui permet à la fois de réduire les coûts et d’alléger l’impact environnemental. Ce changement de mentalité pourrait aussi signaler une évolution des valeurs des consommateurs suisses, qui cherchent à réduire leur empreinte écologique tout en préservant leur budget.
Un recul de l’achat de smartphones neufs
L’étude menée par Comparis montre que seulement 38,4 % des Suisses envisagent d’acheter un smartphone neuf en 2024, une baisse significative par rapport à 2020, où 46,9 % des consommateurs faisaient le même choix. L’augmentation continue des prix des téléphones, particulièrement des modèles Apple et Samsung, qui peuvent dépasser les 1000 francs, semble être un facteur clé dans cette tendance. Jean-Claude Frick, expert numérique chez Comparis, souligne que ces prix élevés sont un obstacle pour une partie importante de la population.
Une autre raison du recul de l’achat de smartphones neufs réside dans la prolongation de la durée de vie des appareils. Les mises à jour logicielles fournies par les fabricants permettent désormais aux appareils de fonctionner plus longtemps, et les consommateurs semblent de plus en plus enclins à conserver leurs téléphones plus longtemps. En 2024, 31,3 % des Suisses gardent leur appareil pendant au moins trois ans, contre 22 % en 2020. Cela traduit un changement dans les habitudes des consommateurs, qui recherchent une durabilité accrue de leurs appareils.
Les femmes et les plus de 56 ans moins enclins à acheter du neuf
Le recul de l’achat de smartphones neufs est particulièrement marqué chez certaines tranches de la population. En effet, 33,5 % des femmes et 30,3 % des personnes de plus de 56 ans prévoient d’acheter un téléphone neuf en 2024. Ces chiffres sont nettement inférieurs à ceux des hommes (43,4 %) et des jeunes adultes. Ce phénomène pourrait s’expliquer par des préoccupations économiques ou par une attitude plus pragmatique vis-à-vis de l’achat d’un nouvel appareil lorsque l’ancien fonctionne encore.
Le prix et la longévité des smartphones sont des éléments centraux dans cette dynamique. Les femmes et les plus de 56 ans semblent davantage conscients de l’impact financier d’un achat neuf et favorisent donc des alternatives moins coûteuses, comme l’achat d’occasion ou la conservation de leur téléphone plus longtemps.
L’essor des smartphones d’occasion
En parallèle de cette réticence à acheter neuf, le marché des smartphones d’occasion connaît une forte croissance. 10,2 % des Suisses ont opté pour des modèles d’occasion en 2024, un chiffre en hausse par rapport à 8,3 % en 2020. Cette tendance est encouragée par plusieurs facteurs, notamment le coût beaucoup plus bas des modèles reconditionnés. En outre, les smartphones d’occasion, souvent en excellent état et reconditionnés par des entreprises spécialisées, permettent d’acquérir des appareils de qualité à des prix bien inférieurs à ceux des modèles neufs.
Jean-Claude Frick explique que les consommateurs perçoivent désormais l’achat de téléphones d’occasion comme une option raisonnable. Un modèle deux ans plus vieux peut encore être performant pendant plusieurs années, sans perdre en qualité ou en fonctionnalités. Cette option permet non seulement de réaliser des économies substantielles, mais aussi de contribuer à une économie circulaire, réduisant ainsi l’impact environnemental.
La réparation maison en recul
Un autre aspect intéressant de cette tendance est la diminution de l’intérêt pour la réparation maison des smartphones. En 2022, 29,7 % des consommateurs étaient prêts à réparer leur téléphone eux-mêmes, mais ce chiffre a chuté à 24,7 % en 2024. La complexité croissante des smartphones modernes, avec leurs composants de plus en plus sophistiqués, rend les réparations à domicile plus difficiles et coûteuses. De plus, l’accès aux pièces de rechange est souvent limité, ce qui décourage les consommateurs de tenter des réparations eux-mêmes.
Pour certains, acheter un appareil neuf ou un téléphone d’occasion reconditionné devient une alternative plus simple et parfois même plus économique que de se lancer dans des réparations complexes. Cette tendance illustre bien la difficulté de maintenir une démarche écologique tout en conciliant les coûts et les contraintes techniques.