La Suisse observe une adoption croissante des hypothèques à taux fixe de longue durée. Selon Comparis, une majorité écrasante des emprunteurs, soit 80 %, choisit ce type de produit pour financer l’achat de leur bien immobilier. Ce phénomène s’inscrit dans un contexte de recherche de stabilité, particulièrement accentué ces dernières années.
Alors que les taux directeurs de la Banque nationale suisse (BNS) ont récemment baissé, les emprunteurs privilégient toujours les hypothèques fixes, même si celles-ci ne sont pas toujours les plus avantageuses économiquement. Ce choix illustre une volonté de sécuriser le coût des charges hypothécaires sur le long terme.
Pourquoi les taux fixes à long terme dominent-ils le marché ?
Les hypothèques fixes à dix ans, et parfois au-delà, séduisent particulièrement les ménages suisses. L’une des principales raisons avancées est la prévisibilité qu’elles offrent. Selon David Michaud, spécialiste immobilier à la Banque cantonale vaudoise (BCV), ces produits permettent de stabiliser les charges hypothécaires sur une longue période, contrairement aux hypothèques indexées sur le taux Saron, anciennement connu sous le nom de Libor. Ce dernier, bien qu’historiquement plus attractif sur le plan financier, est perçu comme plus fluctuant.
Le taux Saron est directement indexé sur les taux directeurs, ce qui en fait une option plus sensible aux variations du marché. Bien que moins onéreux à long terme, ce produit reste minoritaire sur le marché suisse, représentant seulement 10 à 15 % des contrats. La faible connaissance de ce type d’hypothèque et son positionnement moins avantageux pour les banques expliquent en partie son adoption limitée.
L’influence des banques sur les choix des consommateurs
Les établissements bancaires jouent un rôle clé dans cette dynamique. Les banques, en favorisant les hypothèques à taux fixe, s’assurent une fidélité accrue de leurs clients. Contrairement aux hypothèques Saron, ces contrats à long terme bloquent les clients pour une période définie, limitant leur possibilité de migrer vers des concurrents.
Cette approche trouve également écho dans la manière dont les produits sont présentés aux consommateurs. Les hypothèques fixes bénéficient d’une promotion active, alors que les alternatives plus flexibles, bien que potentiellement plus avantageuses, sont moins mises en avant. Cette stratégie commerciale renforce la domination des taux fixes sur le marché.