Les résultats de l’étude menée en novembre dernier par l’institut Sotomo, à la demande de Feldschlösschen, révèlent un désenchantement croissant quant à la cohésion sociale en Suisse. 66% des sondés jugent que celle-ci est faible, et une grande majorité (83%) perçoit un recul du sentiment communautaire. Pourtant, 96% des participants affirment que la cohésion reste une valeur indispensable pour le pays, selon le commanditaire de l’enquête, la brasserie Feldschlösschen.
L’étude montre que ce sentiment est fortement influencé par trois critères majeurs : l’opinion politique, l’âge et le niveau de revenu. Les personnes à faible revenu évaluent la cohésion sociale bien plus négativement que les plus aisées. Le fossé générationnel est aussi frappant : les générations plus âgées manifestent davantage de scepticisme sur l’état du lien social, alors que les plus jeunes croient encore en l’existence d’une certaine unité.
Des lignes de fracture entre droite et gauche
L’enquête met en évidence de fortes divergences entre les visions politiques. À gauche, la cohésion sociale est perçue comme un enjeu d’acceptation de la diversité, alors qu’à droite, c’est l’identification à la nation qui constitue un repère central. Malgré ces différences fondamentales, certains sujets de société rassemblent les opinions, notamment les thèmes de la division. 93% des sondés considèrent que l’immigration est un facteur de fragmentation sociale, et 76% jugent que l’attitude envers l’Union européenne accentue aussi ces tensions.
Si les opinions divergent sur la définition même de la cohésion sociale, l’enquête révèle que les Suisses s’accordent sur le fait qu’elle est en recul. Ce constat dépasse les clivages politiques et semble être partagé par une majorité, indépendamment de leur orientation idéologique.
La démocratie directe, un rempart contre la division
Malgré cette perception de fragmentation, la démocratie directe reste perçue comme un pilier fédérateur. 71% des Suisses considèrent qu’elle constitue le principal facteur pour renforcer la cohésion sociale. Ce mode de gouvernance, qui permet à la population d’intervenir directement dans les décisions politiques, continue d’être un point de convergence pour une large partie des citoyens.
Les votations populaires conservent une large adhésion, avec 69% des personnes interrogées qui les perçoivent comme un instrument positif, malgré les polarisations politiques croissantes. 70% des Suisses estiment par ailleurs que les débats nationaux restent marqués par un climat de respect, un indicateur encourageant dans un contexte où les divisions semblent de plus en plus marquées.
Un lien social cantonné à la sphère privée
Si la cohésion sociale est une valeur centrale pour une majorité de la population, elle reste essentiellement confinée aux sphères privées. L’étude met en avant que les établissements d’enseignement (78%), le système de santé (71%) et la population suisse elle-même (79%) bénéficient d’un haut niveau de confiance. En revanche, les médias et les institutions politiques suscitent plus de méfiance, avec seulement 50% d’opinions favorables.
Un autre enseignement de l’enquête concerne la faiblesse des liens sociaux dans l’espace public. Les organisations politiques, institutions sociales ou encore le voisinage jouent un rôle moindre dans le renforcement du sentiment communautaire. Le manque d’espaces de rencontre, notamment en milieu rural et suburbain, est identifié comme une cause majeure de cette distanciation sociale.