La Suisse est-elle vraiment trop chère pour le surtourisme ?

La Suisse lutte contre le surtourisme avec une stratégie alliant prix élevés, tourisme de qualité et gestion locale, afin de préserver ses paysages et sa tranquillité.

Publié le
Lecture : 2 min
La Suisse est-elle vraiment trop chère pour le surtourisme ? - © Shutterstock

Le tourisme en Suisse se distingue par ses prix élevés, qui constituent un frein pour le tourisme de masse. Selon un reportage de la RTS, les tarifs pour un week-end de trois jours dans les principales villes suisses sont bien plus élevés que dans d’autres grandes villes européennes.

Par exemple, un séjour à Zurich en juillet coûterait environ 1720 francs, alors qu’à Lucerne et Locarno, les prix seraient respectivement de 1530 et 1520 francs. En comparaison, des destinations comme Londres (1460 francs), Vienne (989 francs) ou Barcelone (1017 francs) sont bien plus abordables.

Les coûts de l’hébergement, des repas et des activités, telles que les célèbres téléphériques ou les trains panoramiques, expliquent ces écarts de prix. Un simple repas au restaurant en Suisse peut coûter le double de son équivalent dans le sud de l’Europe. Même les hôtels 3 et 4 étoiles affichent des tarifs bien plus élevés qu’à Vienne ou Barcelone, où les prix sont bien plus modérés.

Un modèle touristique axé sur la qualité

Cependant, la Suisse ne cherche pas à remplir ses hôtels à tout prix. Au contraire, le pays adopte une stratégie de « Travel Better », qui vise à attirer un type spécifique de touristes : ceux qui recherchent la qualité, le luxe et le calme, et qui ne sont pas réticents à payer davantage pour une expérience haut de gamme.

L’objectif est de mieux répartir les visiteurs sur tout le territoire et sur toute l’année, et de ne pas rechercher uniquement la quantité de touristes. En 2024, près de la moitié des chambres d’hôtel en Suisse étaient encore vides, ce qui témoigne d’une gestion plus subtile.

Ce modèle permet de maintenir des recettes touristiques tout en limitant les afflux massifs. Par exemple, deux tiers des touristes américains choisissent des hôtels 4 ou 5 étoiles, contribuant ainsi à un tourisme plus sélectif et plus dépensier.

Des solutions locales pour limiter la pression touristique

La gestion du surtourisme en Suisse passe aussi par une approche locale. Les cantons et les communes ont une grande latitude pour gérer les afflux de visiteurs et mettre en place des solutions adaptées.

Par exemple, dans le village d’Iseltwald, devenu célèbre grâce à une série coréenne, une taxe a été introduite pour les personnes souhaitant prendre des photos sur le ponton emblématique.

De même, à Lauterbrunnen, une taxe d’entrée pourrait être instaurée pour les visiteurs de passage, uniquement intéressés par une visite rapide. Ces mesures locales permettent de répondre à des problèmes spécifiques tout en régulant le tourisme de manière ciblée et efficace.

La Suisse a également la chance de dépendre moins du tourisme que d’autres pays européens. En 2021, le secteur touristique représentait seulement 2,9 % de la richesse du pays, contre 12 % en Espagne, ce qui réduit la pression pour attirer un grand nombre de visiteurs.

Cette situation permet à la Suisse de gérer son secteur touristique avec plus de flexibilité et moins de dépendance économique, tout en répondant aux préoccupations des habitants, qui se disent plus souvent gênés par la hausse des prix que par le tourisme lui-même.

Laisser un commentaire

Share to...