La Suisse veut s’éloigner des États-Unis de Trump pour garantir sa sécurité

Un sondage récent montre que la Suisse souhaite réduire ses liens militaires avec les États-Unis sous Trump et se rapprocher de l’Union Européenne en matière de défense.

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Drapeaux de la Suisse et de l'Union européenne
La Suisse veut s’éloigner des États-Unis de Trump pour garantir sa sécurité - Crédit : Canva | Econostrum.info - Suisse

À travers un sondage mené par Tamedia, la population suisse révèle un changement stratégique majeur dans ses priorités de défense : une large majorité préfère se tourner vers l’Europe plutôt que vers les États-Unis sous l’administration Trump, rapporte Watson. Ce tournant pourrait redéfinir la manière dont la Suisse aborde ses partenariats en matière de sécurité.

Les résultats de ce sondage, réalisés entre le 31 mars et le 1ᵉʳ avril auprès de 35 132 personnes, avec une marge d’erreur de 3,3 %, montrent des tendances de plus en plus marquées en faveur d’une coopération renforcée avec l’Europe.

Pour beaucoup, la sécurité nationale ne doit plus reposer sur les relations avec les États-Unis, mais bien sur des partenariats plus proches au sein du continent européen. Ces choix reflètent également un rejet croissant de certaines décisions prises par l’administration Trump, notamment en matière de défense et d’armement.

Une préférence européenne dans les achats militaires

Une des données les plus révélatrices du sondage est le rejet massif des achats militaires auprès des États-Unis, notamment en ce qui concerne l’acquisition d’avions de combat. Environ 82 % des Suisses estiment que le pays devrait privilégier les fournisseurs européens plutôt qu’américains pour ses achats d’armements.

Cette opinion est particulièrement forte pour le projet d’achat des F-35 américains, choisi par le Conseil fédéral. Seuls 30 % des répondants soutiennent encore l’achat de ces avions, tandis que 66 % s’y opposent fermement.

Cette opposition est encore plus marquée parmi les électeurs des Verts, où 89 % rejettent le projet. En revanche, au sein de l’UDC, seulement 51 % se montrent contre l’achat des F-35. Cette divergence montre l’importance des convictions politiques dans les choix de défense en Suisse, un pays qui a toujours fait preuve d’une neutralité à toute épreuve.

L’argument principal des opposants au F-35 est que l’armée suisse pourrait opter pour des équipements européens tout en préservant sa souveraineté, sans dépendre de l’influence des États-Unis.

La Suisse se tourne vers l’Union Européenne pour la sécurité

En parallèle de son rejet des achats d’armements américains, la population suisse semble de plus en plus encline à renforcer ses liens avec l’Union Européenne, surtout dans le domaine de la politique de sécurité.

Environ 77 % des personnes interrogées se disent favorables à une coopération plus étroite avec l’UE dans ce domaine. Ce soutien est particulièrement marqué parmi les électeurs du Parti Socialiste et du PLR, avec respectivement 90 % et 84 % de personnes en faveur d’une coopération plus approfondie.

Cette volonté de rapprochement avec l’UE pourrait marquer un tournant dans la politique étrangère suisse. Traditionnellement indépendante et neutre, la Suisse semble désormais plus disposée à participer à des initiatives de sécurité au sein du continent européen, au lieu de se concentrer uniquement sur ses relations avec des pays extérieurs comme les États-Unis.

Le sondage révèle également que le soutien à cette coopération n’est pas homogène sur tout le territoire suisse, mais reste largement majoritaire, renforçant ainsi l’idée d’un virage stratégique en matière de politique de défense.

L’OTAN : Une coopération sans adhésion

Un autre point intéressant relevé par le sondage est la position de la Suisse vis-à-vis de l’OTAN. Bien que le pays n’envisage pas une adhésion à l’organisation, une majorité de 71 % des répondants se montre favorable à une coopération avec l’OTAN. Ce soutien reflète une volonté de la Suisse de maintenir son statut de neutralité tout en participant à des initiatives communes de défense.

Toutefois, la question de l’adhésion reste un sujet sensible, avec seulement 37 % des personnes interrogées qui se disent favorables à l’idée d’une adhésion formelle. Cette position est particulièrement soutenue par les électeurs de gauche et les Vert’libéraux, qui sont plus enclins à une coopération étroite avec des organisations internationales comme l’OTAN, tout en restant en dehors de l’adhésion proprement dite.

Cette attitude pourrait évoluer au fil du temps, mais pour l’instant, la majorité des Suisses reste réticente à sacrifier leur statut de neutralité en rejoignant officiellement l’OTAN, tout en cherchant des moyens de collaborer avec l’organisation pour garantir leur sécurité.

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