La Suisse dans le viseur de Trump : Trois scénarios possibles pour les droits de douane

Trump menace la Suisse de nouvelles surtaxes douanières. Trois scénarios possibles s’offrent au pays, chacun pouvant affecter gravement son économie.

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Le président Donald Trump
La Suisse dans le viseur de Trump : Trois scénarios possibles pour les droits de douane - © Sutterstock

Le 12 juillet, Donald Trump a frappé fort en annonçant des droits de douane de 30% sur les produits en provenance de l’Union européenne, une mesure qui pourrait avoir des répercussions sur la Suisse. Bien que le pays n’ait pas encore reçu de notification officielle, l’incertitude grandit. Trois scénarios possibles se dessinent pour l’économie suisse, chacun ayant un impact potentiel plus ou moins lourd.

Depuis le mois d’avril, la Suisse a déjà fait face à des droits de douane de 31%, qui ont ensuite été réduits à 10%. Ces hausses de taxes, d’abord prévues à 20%, ont pris tout un autre tour avec l’annonce de la nouvelle mesure. Le gouvernement suisse poursuit des négociations avec les États-Unis dans l’espoir d’éviter des mesures plus sévères.

Trois scénarios différents se profilent pour l’avenir des relations commerciales entre la Suisse et les États-Unis, mais chaque évolution pourrait avoir des conséquences importantes pour l’économie du pays.

Scénario catastrophe : une surtaxe de 31% ou plus

Le pire scénario pour la Suisse serait que Trump décide de maintenir les droits de douane à 31%, comme cela avait été annoncé lors du Liberation Day d’avril. L’autre possibilité serait qu’il augmente ces taxes, comme il l’a fait avec l’Union européenne. Un tel choix enverrait un message clair à la Suisse : l’offre de la délégation suisse n’est pas suffisante et doit être améliorée pour éviter une situation aussi sévère.

Les conséquences pour l’économie suisse seraient dramatiques. Jean-Philippe Kohl, directeur adjoint de Swissmem, souligne que « plus le taux est élevé, plus les conséquences seront graves« . Selon une enquête menée par Swissmem, un quart des entreprises suisses présentes sur le marché américain risqueraient de perdre cet accès. Cela pourrait se produire soit en raison d’une rentabilité insuffisante, soit parce que les clients américains ne seraient plus capables d’acheter des produits suisses, explique Blick.

Scénario redouté mais supportable : des droits de douane de 15 à 20%

Un scénario moins sévère, mais encore redouté, prévoit des droits de douane compris entre 15 et 20%. Si un tel taux se matérialisait, la Suisse pourrait s’estimer « chanceuse » par rapport aux autres pays déjà touchés.

Simon Evenett, professeur de géopolitique et de stratégie à l’IMD de Lausanne, estime que ce scénario est le plus probable, tout en avertissant que cela serait « extrêmement douloureux » pour l’économie suisse, notamment pour les secteurs à faibles marges bénéficiaires.

Les entreprises suisses seraient obligées de réduire leurs coûts et d’améliorer leur productivité pour survivre à ces nouvelles taxes. Toutefois, certaines industries, telles que l’industrie pharmaceutique, pourraient être exemptées de ces droits de douane plus lourds, ce qui offrirait un certain soulagement à ce secteur spécifique.

Jean-Philippe Kohl, de Swissmem, indique qu’il est aussi possible que les droits de douane atteignent 25%, ce qui serait un fardeau lourd à porter, mais moins dramatique que les 31% envisagés dans le pire des cas.

Scénario optimiste : des droits de douane limités à 10-15%

Le scénario le plus favorable pour la Suisse serait que Trump conserve les droits de douane actuels, fixés à 10%. À ce niveau, les entreprises suisses seraient relativement en mesure de gérer l’augmentation des coûts en répercutant les surtaxes sur leurs clients américains. Nombre d’entre elles proposent des produits qu’on ne trouve pas ailleurs, ce qui pourrait leur permettre de maintenir une certaine compétitivité.

Néanmoins, même dans ce cas, un recul du pouvoir d’achat aux États-Unis pourrait entraîner une diminution de la demande en produits étrangers, ce qui nuirait aux exportateurs suisses. Cela pourrait notamment affecter les secteurs dont la compétitivité repose sur un prix raisonnable. Cependant, les experts estiment que ce scénario serait « beaucoup plus supportable » que les hausses plus importantes envisagées.

Bien que les discussions entre Berne et Washington se poursuivent, la situation reste incertaine. Selon les experts, l’issue de ce bras de fer commercial pourrait avoir des répercussions profondes sur l’économie suisse, notamment pour ses secteurs les plus dépendants des exportations vers les États-Unis.

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