La Suisse se bat pour attirer et retenir ses étrangers qualifiés

La Suisse fait face à une concurrence croissante pour attirer et retenir des talents qualifiés, avec une immigration européenne en baisse et un besoin de main-d’œuvre accru.

Publié le
Lecture : 2 min
Scientifique
La Suisse se bat pour attirer et retenir des talents toujours plus qualifiés - © Shutterstock

Selon une étude menée par l’EPFL et l’Université de Genève, le profil type du migrant en Suisse est celui d’un homme de 33 ans, sans enfants, et hautement qualifié. Aujourd’hui, plus de 60% des travailleurs immigrés arrivant en Suisse disposent d’un diplôme universitaire.

Cette tendance est particulièrement marquée chez les ressortissants des pays voisins, bien que ceux-ci ne restent souvent que quelques années en Suisse. L’étude confirme ainsi une élévation générale du niveau de qualification des migrants, en particulier depuis les années 1990, où l’immigration a diversifié ses origines géographiques, avec des flux provenant de l’Asie, de l’Amérique latine ou encore de l’Afrique.

Le phénomène n’est pas qu’une tendance démographique mais aussi un signe du passage de l’économie suisse à une économie du savoir et de la technologie, comme l’indiquent les chercheurs de l’EPFL. Ces derniers soulignent que les migrants sont souvent attirés par des opportunités dans ces secteurs, mais que leur durée de séjour reste courte, bien qu’ils apportent un précieux renfort au marché du travail, rapporte Le Temps.

Une concurrence accrue pour les talents

La compétition pour attirer des travailleurs qualifiés ne cesse de se renforcer à travers l’Europe. Les chercheurs avertissent que la guerre des talents est bien lancée et que les pays européens devront s’adapter.

Avec un marché du travail vieillissant et des taux de natalité en baisse, il devient de plus en plus difficile pour des nations comme la Suisse de retenir leurs travailleurs étrangers, notamment ceux venant de pays voisins.

Mathias Lerch, directeur du Laboratoire de démographie urbaine à l’EPFL, souligne que le vieillissement de la population et la réduction de la natalité imposeront à la Suisse des besoins accrus en main-d’œuvre dans les années à venir.

Cela pourrait engendrer des tensions pour attirer des talents, notamment en raison de la concurrence grandissante entre États européens. Des pays comme l’Espagne, le Portugal ou la Lituanie, déjà confrontés à ce phénomène, mettent en place des incitations fiscales et des aides à la création d’entreprises pour encourager le retour des émigrés.

Baisse de l’immigration européenne en 2024

L’immigration nette en provenance de l’Union européenne a connu une baisse en 2024, selon un rapport de l’EPFL et du Secrétariat d’État à l’économie (Seco). L’immigration en provenance des pays membres de l’UE et de l’Association européenne de libre-échange a chuté de 10 000 personnes par rapport à l’année précédente, pour atteindre un total de 53 700.

Cette tendance pourrait illustrer une certaine saturation du marché suisse, qui doit jongler entre attirer de nouveaux talents tout en maintenant une main-d’œuvre locale stable. Toutefois, les travailleurs européens continuent de jouer un rôle essentiel dans l’économie suisse, affichant un taux d’activité de 86,8% en 2024, supérieur à celui des citoyens suisses.

Laisser un commentaire

Share to...