Malgré une économie stable et une faible moyenne nationale, le taux de chômage reste systématiquement plus élevé en Suisse romande qu’en Suisse alémanique. Cette disparité persistante, observée depuis les années 2000, résulte d’une combinaison de facteurs économiques et culturels, exacerbée par les particularités régionales.
Les dernières statistiques du Secrétariat d’État à l’économie (Seco) pour juillet 2024 révèlent un taux de chômage de 3,3 % en Suisse romande, contre 2 % en Suisse alémanique. Toutefois, ce fossé, bien qu’oscillant légèrement selon la conjoncture, demeure stable depuis des décennies.
Une disparité régionale persistante
La pandémie de Covid-19, qui a secoué l’économie mondiale, n’a pas modifié ces tendances de fond. En Suisse alémanique, la demande de main-d’œuvre a rapidement rebondi, ce qui a permis de maintenir un faible taux de chômage. En Suisse romande, malgré des reconversions professionnelles post-pandémie, le chômage reste supérieur à la moyenne nationale.
En effet, la Suisse romande et le Tessin continuent d’afficher des taux de chômage plus élevés que leurs homologues alémaniques. En juillet 2024, le taux de chômage moyen en Suisse était de 2,3 %, mais cette moyenne cache des écarts importants entre les régions. Les cantons de Genève et du Jura affichent les taux les plus élevés avec respectivement 4,2 % et 4,0 %, tandis qu’à Appenzell Rhodes-Intérieures et Obwald, le chômage est presque inexistant, avec des taux de 0,6 % et 0,7 %.
Selon le Seco, ces écarts s’expliquent en partie par la nature des secteurs d’emploi dominants dans ces régions. La Suisse romande, plus tertiarisée, voit une plus grande mobilité des travailleurs, ce qui peut contribuer à des périodes de chômage plus fréquentes. À l’inverse, la Suisse alémanique, où l’industrie secondaire est plus prédominante, offre souvent des emplois plus stables, réduisant ainsi la probabilité de chômage.
Le rôle des facteurs culturels
Au-delà des différences structurelles, des facteurs culturels jouent également un rôle clé dans cette disparité. En Suisse alémanique, le chômage est souvent perçu comme une situation à éviter à tout prix, créant une pression sociale plus forte pour rester actif sur le marché du travail. Cette approche contraste avec une vision peut-être plus pragmatique du chômage en Suisse romande, où cette période peut être vue comme une étape transitoire plus acceptable.
Rafael Lalive, professeur d’économie à l’HEC Lausanne, souligne que cette différence d’attitude pourrait influencer la manière dont les demandeurs d’emploi se comportent. Par exemple, dans les cantons bilingues, il est observé que les Romands inscrits au chômage mettent généralement plus de temps à retrouver un emploi que les Alémaniques, malgré des conditions de marché similaires.