La Suisse envisage une réforme du télétravail : ce qui pourrait changer pour les salariés

Le Conseil national veut assouplir le télétravail, mais les syndicats dénoncent une pression accrue sur les travailleurs.

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Depuis la pandémie, le télétravail s’est imposé en Suisse, avec plus d’un tiers des travailleurs l’adoptant de manière occasionnelle ou régulière, selon Watson. Avant la crise sanitaire, seuls 25 % des actifs pratiquaient le travail à domicile. Cette évolution a mis en évidence des incohérences dans la législation actuelle, notamment sur la manière dont sont comptabilisées les heures de travail et les pauses au domicile des employés.

Pour répondre à ces enjeux, la Commission de l’économie du Conseil national propose une série de modifications légales. Ces ajustements visent à mieux encadrer le travail à domicile tout en accordant plus de flexibilité aux employés. L’objectif affiché par les défenseurs de cette réforme est d’éviter que des activités quotidiennes, comme emmener un enfant à la crèche ou faire du sport l’après-midi, ne conduisent à une violation des plages horaires autorisées.

Une réforme critiquée pour ses effets sur la santé et les conditions de travail

Parmi les principales modifications proposées, la durée quotidienne maximale de travail pourrait passer de 14 à 17 heures, tandis que le temps de repos obligatoire serait réduit de 11 à 9 heures, indique la même source. De plus, la révision prévoit que certains travailleurs puissent travailler le dimanche sans autorisation, dans la limite de neuf dimanches par an et pour cinq heures maximum à chaque fois.

L’Union syndicale suisse et la Société de médecine du travail de l’Association des médecins s’opposent à ces changements, alertant sur une hausse des absences pour maladie et une augmentation du stress lié à la confusion entre travail et loisirs.

Luca Cirigliano, secrétaire central de l’Union syndicale suisse, critique également la possibilité pour les employeurs de répercuter certaines dépenses liées au télétravail sur les employés si un poste de travail est disponible en entreprise. Il estime que cela pourrait ouvrir une « boîte de Pandore », menant à une détérioration des conditions de travail.

Une opposition politique marquée

Face à ces critiques, Thierry Burkart, président du Parti libéral-radical (PLR) et initiateur de la motion sur le télétravail avant la pandémie, réfute les arguments des syndicats. Il affirme, dans des propos rapportés par Watson, que ces inquiétudes sont infondées et que la réforme ne vise pas à forcer les employés à télétravailler, mais à leur offrir plus de souplesse dans l’organisation de leurs journées.

Selon lui, la nouvelle loi permettrait « de mieux concilier vie professionnelle et vie familiale, sans faire quelque chose d’illégal parce qu’ils répondent brièvement à un message le soir ou consacrent une heure le dimanche à une présentation pour le lundi ».

Sur la question des frais professionnels, il rappelle qu’une jurisprudence du Tribunal fédéral protège déjà les employés contre une répercussion abusive des coûts liés au travail à domicile. Il estime que les syndicats exagèrent la portée des changements proposés, et rejette toute idée de précarisation des travailleurs.

Malgré ces assurances, la réforme continue de diviser. L’Union syndicale suisse entend s’opposer fermement aux modifications envisagées, estimant qu’elles pourraient affaiblir les droits des travailleurs et augmenter la pression sur leur santé. Le débat se poursuivra au Conseil national, où chaque camp entend défendre sa vision du télétravail en Suisse.

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