Après le rejet en votation populaire d’un projet d’extension des autoroutes suisses, l’UDC propose une réduction de 10 centimes par litre sur la taxe des carburants. Ce parti argue que l’argent prévu pour ces travaux inutilisés devrait retourner aux automobilistes.
Une motion en ce sens sera déposée au Parlement, mais l’idée soulève des controverses au sein même des autorités. Le débat questionne l’usage futur des cinq milliards de francs affectés au fonds routier FORTA, alimenté par des contributions substantielles des citoyens.
Le fonds FORTA au cœur des tensions budgétaires
Près de cinq milliards de francs avaient été provisionnés pour l’extension des autoroutes suisses, via le fonds pour les routes nationales et le trafic d’agglomération (FORTA). Ce fonds, alimenté par une partie des taxes sur les carburants, est devenu l’objet de débats après le refus des citoyens suisses d’approuver ces projets. Aujourd’hui, environ 10 % des 77 centimes de taxes payées sur chaque litre d’essence sont dirigés vers FORTA, qui reçoit en moyenne 2,7 milliards de francs par an.
Thomas Knutti, conseiller national UDC, estime que ces fonds devraient être redistribués. Il soutient que l’arrêt des projets autoroutiers prive ces budgets de leur utilité initiale. Pour lui, une baisse de 10 centimes sur le prix du carburant serait un « soulagement notable » pour les automobilistes, à un moment où les prix oscillent entre 1,65 et 1,80 franc par litre. Cette proposition est cependant critiquée, notamment par le ministre des Transports Albert Rösti, qui craint un tarissement des ressources nécessaires pour financer des projets déjà planifiés. La question est donc de savoir si les fonds doivent être mobilisés pour d’autres priorités ou retournés aux citoyens.
Une motion qui divise les responsables politiques
L’UDC, principal soutien de la motion, avance que les automobilistes, principaux contributeurs de FORTA, méritent une compensation après l’abandon des projets d’infrastructure. La direction du parti a exprimé son soutien à cette mesure en soulignant son potentiel impact économique. Albert Rösti, de son côté, a averti que cette réduction immédiate pourrait compromettre des investissements essentiels pour la modernisation des transports. Les partisans du ministre des Transports rappellent que plusieurs projets approuvés sont déjà en attente de financement et risquent d’être abandonnés.
Ce conflit révèle une divergence de priorités entre les membres du gouvernement et les promoteurs de la motion. Tandis que l’UDC insiste sur des mesures favorables aux consommateurs, Rösti appelle à maintenir l’intégrité financière de FORTA. Les critiques redoutent également que cette réduction serve à court terme, mais fragilise à long terme les budgets consacrés au transport, menaçant ainsi l’équilibre financier d’un secteur stratégique pour la Suisse.