Alors que la Suisse s’apprête à voter sur l’extension de son réseau autoroutier le 24 novembre, les automobilistes pourraient être confrontés à une hausse du prix de l’essence dans les prochaines années.
Suisse : après le 24 novembre le prix de l’essence risque de flamber, mais pourquoi ?
L'Office fédéral des routes (Ofrou) prévoit que ce projet, d'un coût de cinq milliards de francs, pourrait entraîner une hausse de quatre centimes par litre sur le prix de l'essence dans les prochaines années.
En effet, avec des réserves de plus en plus limitées pour financer les routes nationales et une transition progressive vers les voitures électriques, l'État cherche des solutions pour maintenir le fonds d'infrastructure pour les routes nationales et les agglomérations (Forta) à flot.
Des autoroutes à prix fort
Le projet d'extension des autoroutes, qui concerne notamment les régions entre Genève et Saint-Gall, est estimé à cinq milliards de francs. Le financement de ces infrastructures sera assuré par le fonds Forta, qui ouvre des projets tels que le tunnel du Rhin à Bâle ou l'élargissement de l'A1 à Berne. Toutefois, ce fonds, alimenté par la surtaxe sur les huiles minérales, pourrait être à sec d'ici 2027. Les prévisions initiales du Conseil fédéral montrent que ses réserves tomberont en dessous des 500 millions de francs. En conséquence, une augmentation de quatre centimes du prix de l'essence pourrait être inévitable pour renforcer ce fonds.
Des prévisions incertaines et des débats houleux
Si le Conseil fédéral a confirmé que les réserves du Forta pourraient s'épuiser d'ici quelques années, d'autres chiffres sont avancés. Les experts de l'économie de la Confédération estiment que les fonds disponibles pour ces projets sont insuffisants, mais la situation pourrait évoluer selon divers facteurs. En effet, l'évolution des revenus liés aux taxes sur les carburants reste difficile à prévoir en raison de la transition vers les véhicules électriques.
En outre, le Parlement discute actuellement de la réaffectation de 10 % de la taxe sur les carburants à la caisse générale de la Confédération. Pour compenser cette perte, les voitures électriques sont soumises depuis le début de l'année à une nouvelle taxe automobile, mais cette solution ne pourrait ne pas suffire à combler le manque à gagner.
L'ombre d'une nouvelle taxe pour les véhicules électriques
Face à l'épuisement du Forta, le Conseil fédéral envisage également de taxer les voitures électriques à partir de 2030. Cette taxe, encore en discussion, nécessiterait une modification constitutionnelle. Les Suisses devraient se prononcer sur cette question lors d'une future votation, probablement en 2027. Cette idée fait déjà l'objet de débats au sein du Parlement, certains élus exprimant leur réticence face à une telle mesure. Toutefois, si elle venait à être adoptée, cette taxe permettrait de compenser en partie la baisse des recettes provenant des véhicules à carburant fossile.
Des réactions politiques mitigées
L'annonce de cette possible hausse du prix de l'essence suscite des réactions variées sur la scène politique suisse. Jon Pult, conseiller national et président de l'Initiative des Alpes, s'inquiète de l'impact de cette augmentation sur les régions montagneuses, où la voiture est souvent le seul moyen de transport viable. Il appelle à plus de transparence de la part du Conseil fédéral sur le financement de l'extension autoroutière, craignant que cette hausse des prix pénalise injustement certaines régions.
De l'autre côté, certains parlementaires, comme Christian Imark (UDC), se montrent plus rassurants. Ils estiment que le Forta repose sur une planification à long terme et que de nombreux projets peuvent encore être reportés si nécessaire. Selon eux, les fonds actuels seraient suffisants pour financer les travaux en cours.