Dans un contexte énergétique mondial marqué par des incertitudes croissantes, la Suisse a décidé de prolonger la constitution de ses réserves de gaz jusqu’en 2028. Cette mesure vise à garantir la sécurité énergétique du pays face aux risques de pénuries, notamment en hiver.
Bien que la situation se soit stabilisée depuis les premiers mois de la guerre en Ukraine, des risques géopolitiques et des tensions sur le marché mondial du gaz continuent de peser sur l’approvisionnement. En renforçant ses réserves, la Suisse entend ainsi se prémunir contre les perturbations potentielles et garantir un approvisionnement fiable pour ses citoyens et son économie.
La prolongation de l’obligation de réserve de gaz : un choix stratégique
Le Conseil fédéral a décidé de prolonger jusqu’en 2028 l’obligation imposée aux fournisseurs de gaz de détenir des réserves hivernales correspondant à 15 % de la consommation annuelle moyenne de gaz naturel. Cette décision a été prise dans un souci de sécurité énergétique, face à des incertitudes géopolitiques persistantes et à une concurrence accrue pour le gaz naturel sur les marchés mondiaux. Depuis mai 2022, la Suisse constitue ces réserves en réponse aux perturbations de l’approvisionnement en gaz provoquées par la guerre en Ukraine. En garantissant ces réserves pour les trois prochaines années, le pays assure son approvisionnement et évite les pénuries, en particulier pendant la période hivernale, où la consommation de gaz est traditionnellement plus élevée en raison du chauffage.
La Suisse se distingue par son approche prudente en matière de gestion énergétique, même si elle n’est pas productrice de gaz naturel. Le pays se fournit exclusivement à l’étranger, ce qui en fait un importateur dépendant des marchés internationaux. En l’absence d’installations nationales de stockage saisonnier de gaz, la Suisse a opté pour une stratégie consistant à acheter et stocker des quantités de gaz suffisantes à des fins de réserve. Cette approche a permis de minimiser les risques de rupture d’approvisionnement, notamment au cœur de l’hiver, lorsque les besoins en gaz augmentent de manière significative.
Les défis mondiaux et les risques géopolitiques : une situation instable
Bien que la situation du marché européen du gaz se soit améliorée par rapport aux premières semaines du conflit russo-ukrainien, plusieurs facteurs continuent de poser un risque pour l’approvisionnement de la Suisse. Le Conseil fédéral a souligné que l’intensification de la concurrence pour le gaz naturel liquéfié (GNL) sur les marchés mondiaux, ainsi que les conflits géopolitiques en cours, rendent la situation incertaine. L’instabilité dans les zones productrices de gaz, les tensions internationales, et même les actes de sabotage peuvent perturber l’approvisionnement en gaz, selon 20min.
En conséquence, la Suisse fait face à un environnement mondial où l’accès au gaz naturel est de plus en plus complexe et où la concurrence pour les ressources s’intensifie. Le GNL, qui représente une part croissante de l’approvisionnement mondial en gaz, est devenu un bien convoité par de nombreux pays, ce qui rend la Suisse vulnérable à une volatilité accrue des prix et à des éventuelles ruptures d’approvisionnement. C’est pourquoi le Conseil fédéral a pris la décision de prolonger la constitution de réserves de gaz, pour permettre à la Suisse de faire face à ces défis sans compromettre son approvisionnement pendant la période hivernale.
En outre, bien que la Suisse soit entourée par des pays de l’Union européenne avec lesquels elle entretient des relations énergétiques solides, elle ne dispose pas de mécanismes de solidarité aussi robustes que certains de ses voisins européens. Ce facteur renforce la nécessité d’une gestion interne proactive de ses réserves et de sa capacité à s’approvisionner directement, pour garantir un approvisionnement continu, même en période de crise.








