Le journal SonntagsZeitung a rapporté qu’une initiative visant à instaurer un péage de transit pour les ressortissants de l’Union européenne (UE) fait l’objet de discussions au Conseil national à Berne.
90 des 200 conseillers nationaux soutiennent ce projet, qui propose d’imposer une taxe de 30 à 60 francs aux automobilistes étrangers traversant la Suisse sans y faire de halte prolongée. Le péage serait appliqué en fonction de l’afflux de véhicules aux heures de pointe.
Selon les initiateurs, cette mesure pourrait notamment désengorger le tunnel du Gothard, un axe stratégique emprunté par de nombreux touristes européens, principalement en direction de l’Italie, indique 20 Minutes.
Les pays concernés : une mesure ciblant principalement les touristes allemands et néerlandais
Le projet vise particulièrement les automobilistes allemands et néerlandais, nombreux à emprunter la route la plus directe traversant la Suisse. Le but annoncé est de réduire leur passage par le Gothard, un axe souvent saturé en période de vacances.
En incitant ces voyageurs à éviter la Suisse, les autorités espèrent non seulement réduire les bouchons, mais aussi alléger le trafic sur l’axe San Bernardino. Simon Stadler, conseiller national centriste à l’origine de cette proposition, estime que cela permettrait également de libérer les villages du canton d’Uri du trafic de transit.
Les critiques : un projet discriminatoire selon les experts
L’idée de ce péage n’est cependant pas sans soulever des critiques. Pour certains experts, cette mesure serait « clairement discriminatoire » à l’égard des citoyens de l’UE. Alex Erath, professeur en transport à la Haute École spécialisée du nord-ouest de la Suisse, souligne que cette taxe ne toucherait que les ressortissants étrangers et ne ferait que déplacer le problème, en incitant les automobilistes européens à contourner la Suisse par d’autres routes.
Kay Axhausen, professeur en gestion du trafic à l’EPFZ, va dans le même sens en alertant sur le risque de nuire à la position de la Suisse au sein de l’UE si la mesure venait à être mise en place. Selon lui, cette solution entraînerait un déplacement du trafic vers d’autres pays voisins comme l’Autriche ou la France, avec des conséquences négatives pour la Suisse.
Un précédent rejeté et d’autres propositions non retenues
L’idée d’un péage pour les étrangers n’est pas nouvelle. En 2023, une proposition similaire avait déjà été rejetée par le Conseil des États, bien qu’elle ait suscité un certain soutien au sein du Conseil national.
D’autres solutions ont également été mises sur la table, comme un système de réservation numérique pour franchir le tunnel ou l’ouverture permanente de la route du col.
Ces propositions, toutefois, ont également été écartées. Le rejet systématique de ces alternatives démontre la complexité du problème et l’absence de consensus quant à la meilleure façon de gérer la situation.








