Les Suisses doivent se préparer à une mauvaise surprise sur leurs salaires

En mai 2025, l’inflation recule en Suisse, mais cette baisse pourrait entraîner une stagnation des salaires et peser sur le pouvoir d’achat des ménages.

Publié le
Lecture : 2 min
Francs suisse dans un portefeuille
L'inflation baisse en Suisse, mais préparez-vous à une mauvaise surprise sur vos salaires - © Sutterstock

L’Office fédéral de la statistique (OFS) a rapporté que l’inflation a diminué de 0,1 % en mai 2025 par rapport au même mois de l’année précédente, marquant ainsi une première baisse depuis plus de quatre ans. Bien que ce chiffre indique un déclin dans l’inflation, il reste faible et modéré, ce qui n’apporte pas de changements significatifs pour les consommateurs suisses, selon l’économiste Sergio Rossi, rapporte Watson.

En effet, même si la baisse des prix à la consommation peut sembler bénéfique, elle profite principalement aux entreprises, en particulier celles qui importent des biens. Le franc fort, favorisant la réduction des prix à l’importation, a davantage bénéficié aux entreprises que aux consommateurs. Selon Rossi, les entreprises qui ont importé des biens ont profité d’une baisse des prix plus importante que celle observée chez les consommateurs suisses.

Des prix à l’importation en baisse, mais des marges bénéficiaires en hausse pour les entreprises

L’élément clé de la baisse de l’inflation réside dans la réduction des prix des produits importés, qui ont diminué de 2,4 % sur un an, comme l’indique l’OFS. Cependant, cette diminution a été contrebalancée par une légère hausse des prix des produits locaux, qui ont progressé de 0,6 %.

Sergio Rossi souligne que, contrairement à ce que pourrait espérer le consommateur, les entreprises ne répercutent pas nécessairement la baisse des prix d’importation sur leurs prix de vente.

Au contraire, elles profitent de cette baisse pour augmenter leurs marges bénéficiaires. Par conséquent, même si certains produits sont devenus moins chers, l’impact réel sur le budget des ménages reste limité.

Les secteurs les plus impactés par la baisse des prix sont les produits pétroliers, dont les prix ont chuté de 9,6%, ainsi que l’énergie et les carburants, qui ont diminué de 8,3%. Cependant, cette baisse a été contrebalancée par une hausse notable des loyers du logement, qui ont augmenté de 2,6%, créant ainsi un déséquilibre pour les consommateurs.

Une menace pour les salaires et le pouvoir d’achat

Si cette tendance à la baisse de l’inflation persiste, elle pourrait avoir un impact sur les salaires, prévient Sergio Rossi. Selon lui, les entreprises pourraient ajuster les salaires en fonction de l’inflation mesurée, ce qui pourrait entraîner une stagnation, voire une diminution des revenus des travailleurs.

Rossi indique que les négociations salariales sont désormais plus difficiles, sauf pour une minorité de travailleurs hautement qualifiés, car les entreprises sont en position de force sur le marché du travail. Par ailleurs, le calcul de l’inflation ne prend pas en compte certains coûts importants pour les ménages, comme l’assurance maladie, et sous-estime souvent l’impact des loyers.

Ces éléments sont essentiels pour évaluer correctement le pouvoir d’achat des Suisses, qui pourrait être mis à mal si la tendance à la baisse de l’inflation se maintient.

Les prévisions concernant l’évolution de l’inflation restent partagées. Certains économistes, comme David Marmet de la Banque cantonale de Zurich (ZKB), estiment que l’inflation continuera d’évoluer négativement dans les mois à venir, notamment grâce à l’appréciation du franc, qui rendra les produits importés encore moins chers.

D’autres, comme Sergio Rossi, estiment que des tensions géopolitiques pourraient inverser cette tendance et entraîner une hausse des prix, ce qui mettrait les ménages sous pression.

Laisser un commentaire

Share to...