La Suisse sur la liste noire de Donald Trump, Berne réagit

Les États-Unis placent la Suisse sur une liste noire commerciale, provoquant des inquiétudes économiques et des débats politiques.

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Donald Trump
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Les États-Unis ont inscrit la Suisse sur une liste de pays accusés de pratiquer des « méthodes commerciales déloyales », suscitant un débat politique à Berne. Cette décision, prise par l’administration Trump, pourrait conduire à des droits de douane punitifs et affecter la compétitivité des exportateurs suisses. 

Les responsables politiques suisses, toutes tendances confondues, réagissent avec prudence, entre volonté de négociation et rejet des accusations américaines. En parallèle, d’autres tensions économiques émergent, notamment sur les restrictions américaines en matière d’exportation de semi-conducteurs.

Une accusation qui inquiète les milieux économiques suisses

L’inscription de la Suisse sur cette liste noire inquiète les économistes et les entreprises exportatrices. Reto Föllmi, économiste à l’Université de Saint-Gall, appelle à prendre cette menace au sérieux, estimant que des sanctions douanières pourraient être imposées et réduire les marges des entreprises suisses sur le marché américain, a rapporté Blick.

L’administration Trump justifie cette décision en affirmant que la Suisse bénéficie d’un excédent commercial trop élevé avec les États-Unis et adopterait des pratiques commerciales jugées déséquilibrées. Toutefois, plusieurs experts suisses jugent ces accusations infondées, mettant en avant la forte contribution des entreprises helvétiques à l’économie américaine.

La Suisse est l’un des plus grands investisseurs aux États-Unis en matière de recherche et développement. Selon la centriste Elisabeth Schneider-Schneiter, aucun autre pays n’investit autant par employé que la Suisse dans ce secteur stratégique. Elle souligne que la relation commerciale entre les deux pays devrait être analysée de manière globale, et non seulement sous l’angle de la balance commerciale.

Entre tensions et perspectives de négociation

Alors que certains élus suisses demandent une réponse ferme, d’autres appellent à la prudence. Roland Rino Büchel (UDC) considère que la Suisse ne doit pas surréagir et doit continuer à défendre son modèle économique sans confrontation directe avec Washington. Pour lui, les accusations de Donald Trump sont plus un coup politique qu’une réelle menace commerciale.

Le Parti socialiste suisse (PSS) partage cette approche et insiste sur la nécessité pour la Suisse de coordonner sa position avec ses voisins européens. Farah Rumy (PS) estime qu’il est essentiel d’intensifier la collaboration avec l’Union européenne pour protéger la stabilité économique suisse face aux pressions américaines.

À l’inverse, Hans-Peter Portmann (PLR) critique frontalement la méthodologie des États-Unis, qualifiant les critères de la liste noire d’« arbitraires et discutables ». Il rappelle que la Suisse contribue également de manière significative aux services et aux investissements américains, un aspect souvent ignoré dans l’analyse commerciale de Washington.

Le think tank libéral Avenir Suisse et plusieurs élus du PLR estiment que cette situation pourrait être l’occasion de relancer des discussions exploratoires pour un accord commercial avec les États-Unis. Un tel accord avait été évoqué lors du premier mandat de Donald Trump, mais n’avait pas abouti en raison d’obstacles liés à la politique agricole suisse.

L’impact de cette liste noire reste encore incertain, mais la Suisse doit désormais décider si elle adopte une approche défensive ou si elle cherche à négocier une sortie rapide de cette classification américaine.

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