La Suisse affiche depuis plusieurs années un excédent commercial avec les États-Unis, en grande partie grâce à ses exportations dans les secteurs pharmaceutique et horloger. Cette balance excédentaire a conduit Washington à inclure la Confédération dans une liste de pays dont les pratiques commerciales seraient problématiques. Cette classification suscite de vives réactions à Berne, où les autorités rappellent que la Suisse applique des règles commerciales transparentes et ouvertes.
Au-delà du différend bilatéral, cette décision s’inscrit dans un contexte plus large de tensions commerciales entre les États-Unis et plusieurs de leurs partenaires. L’administration américaine, sous l’impulsion de Donald Trump, cherche à rééquilibrer sa balance commerciale en mettant la pression sur certains pays. La Suisse, bien que de taille modeste, se retrouve prise dans cette dynamique, ce qui soulève des inquiétudes quant à l’impact sur ses échanges avec Washington.
Une accusation fondée sur l’excédent commercial
L’administration américaine considère que l’excédent commercial de la Suisse constitue une distorsion qui justifie son inclusion sur la liste des pays aux pratiques jugées déloyales. Selon les propos rapportés par Le Temps, le délégué au commerce Jamieson Greer a appelé les entreprises américaines à signaler les pratiques commerciales des pays partenaires qui leur sembleraient injustes. Cette politique cible en priorité les pays du G20 et ceux dont la balance commerciale avec les États-Unis est excédentaire.
La directrice du Secrétariat d’État à l’économie (Seco), Helene Budliger Artieda, rejette fermement ces accusations. Elle rappelle, dans une déclaration relayée par RTS, que la Suisse a unilatéralement supprimé ses droits de douane industriels et que les produits pharmaceutiques américains peuvent entrer sur le marché suisse sans barrière tarifaire. Selon elle, cette réalité contredit l’idée que la Suisse appliquerait des pratiques commerciales défavorables aux États-Unis.
Des restrictions qui inquiètent l’économie suisse
En plus de cette mise sur liste noire, d’autres mesures décidées par Washington pourraient avoir un impact sur l’économie suisse. L’administration américaine a récemment relégué la Suisse dans une catégorie inférieure pour l’accès aux puces électroniques avancées utilisées dans l’intelligence artificielle. Cette décision, initiée sous Joe Biden, pourrait limiter les capacités d’approvisionnement des entreprises suisses dans un secteur en pleine expansion.
Par ailleurs, des droits de douane punitifs sur l’acier et l’aluminium suisses ont été annoncés par l’administration Trump. Selon RTS, Helene Budliger Artieda considère que ces taxes sont injustes, car elles frappent un secteur déjà soumis à des coûts de production élevés. La Confédération cherche à éviter que ces mesures ne viennent alourdir encore davantage la facture pour ses entreprises exportatrices.
Une position délicate face aux tensions internationales
Au-delà du cadre bilatéral, la Suisse craint d’être affectée par les tensions commerciales entre les États-Unis et l’Union européenne. Berne redoute que les mesures de rétorsion que Bruxelles pourrait adopter contre Washington ne l’affectent indirectement. Le Temps rappelle qu’au cours du premier mandat de Donald Trump, l’UE avait appliqué des contre-mesures qui avaient également touché la Suisse.
La Suisse, bien que concernée par ces tensions, n’a pas les moyens d’engager une riposte commerciale d’ampleur. Helene Budliger Artieda, citée par RTS, estime qu’une éventuelle sanction contre des entreprises américaines comme Harley-Davidson n’aurait aucun effet significatif. Berne privilégie donc la voie diplomatique et cherche à dialoguer avec ses partenaires pour éviter une escalade qui pourrait fragiliser ses relations économiques avec Washington.
Alors que la situation reste incertaine, la Suisse tente de défendre son modèle économique et de maintenir un accès libre aux marchés américains. Avec un demi-million d’emplois créés par des entreprises suisses aux États-Unis, la Confédération espère convaincre Washington qu’elle reste un partenaire commercial fiable et équitable.