La question du bien-être et de l’intégration des jeunes adultes dans le monde du travail et la société suisse revêt une importance particulière dans un contexte de transformations économiques et sociales. L’enquête menée par l’institut Sotomo, intitulée « Baromètre des générations 2025 », révèle que 96 % des jeunes employés interrogés estiment ne pas être pris au sérieux dans leur environnement professionnel. Ce ressenti questionne les dynamiques intergénérationnelles et l’évolution des attentes professionnelles.
Au-delà du cadre professionnel, le fossé entre les générations apparaît comme une source d’inquiétude majeure pour les jeunes de moins de 26 ans. Selon l’étude, plus de la moitié d’entre eux considèrent que cet écart se creuse, une perception bien moins répandue chez les plus de 75 ans. Ce phénomène alimente un pessimisme général, avec 71 % des Suisses anticipant un avenir incertain, un chiffre en augmentation depuis 2023.
Une reconnaissance insuffisante des jeunes sur le marché du travail
L’étude souligne que la reconnaissance au travail reste un enjeu central pour les jeunes générations. Une large majorité d’entre eux déclarent ne pas se sentir écoutés ou pris en considération par leurs collègues et employeurs. Ce manque de reconnaissance s’inscrit dans une tendance plus large de discrimination liée à l’âge, qui touche aussi bien les jeunes que les travailleurs plus âgés.
D’après les résultats du baromètre, 57 % des travailleurs seniors interrogés déclarent rencontrer des difficultés à retrouver un emploi, tandis que 41 % estiment que leurs compétences ne sont pas suffisamment valorisées. De leur côté, les jeunes travailleurs expriment une frustration face à un manque de légitimité perçue, ce qui influence leur engagement et leur motivation.
L’esprit d’équipe et la reconnaissance restent néanmoins des valeurs partagées par toutes les générations sur le marché du travail. L’étude montre que, malgré les différences de perception, ces éléments constituent des points de convergence entre jeunes actifs et travailleurs plus expérimentés.
Un sentiment d’impuissance face aux décisions sociétales
Le sentiment d’influence des jeunes adultes sur les décisions qui façonnent la société suisse diminue avec le temps. En 2023, 73 % des moins de 35 ans estimaient avoir peu de poids dans les orientations sociétales, un chiffre qui grimpe désormais à 88 %. Cette évolution traduit une perte de confiance envers les institutions et une impression d’exclusion des débats publics.
Malgré cette perception négative, le niveau général de satisfaction vis-à-vis des conditions de vie reste élevé en Suisse. Près de 90 % des sondés se déclarent satisfaits de leur quotidien. Toutefois, cette satisfaction est inégalement répartie selon les générations : les jeunes affichent les taux d’insatisfaction les plus élevés, atteignant 21 % chez les moins de 35 ans.
Les écarts de perception entre générations se reflètent aussi dans les opinions sur des réformes sociétales. Par exemple, 61 % des 18-35 ans se déclarent favorables à l’introduction d’un impôt sur les successions, tandis que 57 % de l’ensemble des sondés s’y opposent.
Un équilibre entre vie professionnelle et personnelle difficile à atteindre
La quête d’un meilleur équilibre entre travail et vie privée est une priorité pour une grande partie des actifs en Suisse. Selon l’étude, 79 % des personnes interrogées expriment un besoin accru de concilier leurs engagements professionnels et personnels. Cette aspiration est particulièrement marquée chez les 26-45 ans, dont environ un tiers se disent insatisfaits de la situation actuelle.
Par ailleurs, la réussite professionnelle reste une valeur importante pour 57 % des sondés. Toutefois, les attentes évoluent : le prestige et le pouvoir perdent du terrain au profit d’une recherche de sens, d’indépendance et de responsabilité dans le travail. Cette transformation reflète un changement de mentalité entre générations et un besoin d’adaptation des entreprises aux nouvelles aspirations des employés.
