En Suisse, la prévoyance vieillesse connaît un bouleversement notable, notamment auprès des jeunes générations. Le baromètre de la prévoyance 2024 révèle une hausse marquée de l’intérêt des 18-30 ans pour le 3ᵉ pilier. Face aux incertitudes sur l’avenir de l’AVS et du 2ᵉ pilier, ces jeunes se tournent massivement vers des solutions privées.
Si la confiance dans le système public de prévoyance reste faible parmi cette catégorie d’âge, le recours au 3ᵉ pilier semble être une réponse à leurs préoccupations croissantes. L’augmentation des souscriptions à ce produit met en lumière un changement dans les priorités des jeunes Suisses en matière de préparation financière pour l’avenir.
Une hausse marquée des souscriptions au 3ᵉ pilier
Le baromètre de la prévoyance 2024, réalisé par Raiffeisen, montre que 34 % des 18-30 ans disposent aujourd’hui d’une solution de 3ᵉ pilier. Cette proportion représente une augmentation significative de 7 % par rapport à l’année précédente. Les jeunes optent pour cette solution en raison de la faible confiance qu’ils accordent aux piliers publics (AVS et LPP). L’étude précise également que 61 % des jeunes sondés possèdent actuellement un pilier 3a, un taux qui continue de grimper chaque année.
Malgré ce chiffre encourageant, 35 % des jeunes n’ont toujours pas souscrit à ce type de prévoyance. Un constat préoccupant quand on sait que la responsabilité individuelle en matière de prévoyance ne cesse de croître en Suisse.
Une méfiance persistante vis-à-vis de l’AVS et la LPP
Les réformes récentes de la LPP et la 13ᵉ rente AVS ont sans doute contribué à ce regain d’intérêt pour la prévoyance privée. Les jeunes se montrent particulièrement sceptiques quant à la viabilité de l’AVS, attribuant une note de 3,8 sur une échelle de sept à la confiance qu’ils placent dans le 1ᵉʳ pilier. Cette défiance contraste avec l’opinion des personnes proches de la retraite, qui accordent une note de 4,9 à l’AVS.
Par ailleurs, les déductions fiscales maximales, qui augmentent chaque année, renforcent l’attrait de ce produit. En 2025, elles s’élèveront à 7258 francs, ce qui encourage encore davantage de jeunes à souscrire à cette solution de prévoyance.
Vers une flexibilité accrue du 3ᵉ pilier
Parallèlement à cette tendance, le monde politique cherche à rendre le 3ᵉ pilier plus attrayant. Des réformes en cours devraient permettre bientôt aux détenteurs de ce produit de rattraper les années de cotisations manquantes de manière rétroactive, une nouveauté qui devrait entrer en vigueur dans les années à venir. De plus, la loi permettrait également de léguer plus librement les fonds du 3ᵉ pilier en cas de décès.
Cependant, toutes les propositions ne sont pas acceptées. Par exemple, une tentative d’augmenter les déductions fiscales maximales à 15’000 francs a été rejetée par le Conseil des États après une première approbation du Conseil national.