La baisse de l’inflation se poursuit en Suisse, atteignant en octobre un niveau historiquement bas. L’indice des prix à la consommation (IPC) affiche une progression de 0,6 % sur un an, selon les données de l’Office fédéral de la statistique (OFS) publiées vendredi. Ce chiffre, inférieur aux prévisions des économistes, marque une stabilisation du renchérissement qui se fait sentir sur plusieurs secteurs.
La diminution de l’inflation, impulsée par la chute des prix des produits pétroliers ainsi que par la baisse des coûts dans l’hôtellerie et les voyages internationaux, s’inscrit dans une tendance qui dure depuis plusieurs mois. En Europe, la situation est tout autre, puisque l’inflation dans la zone euro est repartie à la hausse, atteignant 2 % en octobre, selon Eurostat.
Le recul des prix des produits pétroliers, un facteur clé
Depuis plusieurs mois, les prix des produits pétroliers connaissent une baisse marquée, jouant un rôle majeur dans le ralentissement de l’inflation en Suisse. En octobre, ces prix ont chuté de 12,8 % sur un an, contribuant fortement à ramener l’IPC à 107,1 points. Les consommateurs ont également bénéficié de la baisse des prix dans plusieurs catégories de biens, notamment les fruits, les légumes, ainsi que l’essence et le diesel. Les secteurs de l’hôtellerie et des voyages internationaux, soumis aux fluctuations saisonnières, affichent eux aussi des baisses notables.
En variation mensuelle, l’indice des prix à la consommation a reculé de 0,1 %, un chiffre inférieur aux prévisions des analystes, qui s’attendaient à une stagnation. Les économistes avaient anticipé une hausse annuelle située entre 0,7 % et 0,9 % et une stabilité des prix par rapport au mois de septembre.
La différence entre produits indigènes et importés
Le rapport de l’OFS met aussi en lumière une dynamique contrastée entre les produits indigènes et les produits importés. Les produits fabriqués en Suisse ont connu une hausse de 1,8 % par rapport à l’année précédente, tandis que les produits importés ont vu leurs prix chuter de 3,1 %. Ce contraste reflète une demande domestique relativement stable, bien que les produits importés subissent davantage l’impact des fluctuations économiques internationales.
Le groupe « Logement et énergie », représentant près du quart du calcul de l’IPC, reste stable par rapport à septembre, mais enregistre tout de même une hausse de 3,5 % par rapport à octobre de l’année précédente. En revanche, les prix de l’alimentation et des boissons non alcoolisées, qui constituent environ 11 % de l’IPC, ont baissé respectivement de 0,7 % et 0,3 %. Les transports, un secteur sensible aux variations du coût des carburants, enregistrent également une baisse annuelle de 2,7 %.
Une inflation sous contrôle, mais persistante
Les experts constatent que l’inflation suisse continue de se maintenir sous l’objectif de la Banque nationale suisse (BNS), fixé à 2 %. Dès juin 2023, la BNS avait pu assouplir sa politique monétaire face à un renchérissement modéré. Les prévisions actuelles de la BNS tablent sur un taux d’inflation de 1,2 % pour 2024, 0,6 % pour 2025 et 0,7 % pour 2026. Cependant, malgré cette stabilité relative, la BNS devrait abaisser son taux directeur de 0,25 % en décembre et de nouveau en mars prochain, d’après l’économiste Arthur Jurus, afin de soutenir l’économie face à la valorisation du franc suisse.
Dans la zone euro, les perspectives sont bien différentes. Après avoir atteint un creux de 1,7 % en septembre, l’inflation y a rebondi à 2 % en octobre. Alors que l’inflation suisse reste stable et sous contrôle, la comparaison avec la zone euro met en évidence la divergence des politiques monétaires entre la BNS, la Banque centrale européenne et la Réserve fédérale américaine.
La baisse de l’inflation en Suisse semble se stabiliser, offrant un soulagement aux ménages. Cependant, les économistes restent vigilants face aux éventuelles fluctuations des prix des produits importés et des matières premières. Pour l’instant, l’inflation sous-jacente, un indicateur de l’évolution à long terme des prix, affiche une légère hausse de 0,8 % sur un an, signalant une persistance du renchérissement bien que modérée.