Le pays fait face à des ruptures de stock préoccupantes, particulièrement dans les traitements essentiels comme les antibiotiques. Cette situation, qui persiste depuis plusieurs années, pourrait avoir des conséquences importantes pour la santé publique.
Martin Ruggli, président de l’association des pharmaciens Pharmasuisse, a alerté, dans une interview accordée à la SRF, sur l’urgence de la situation, avec entre 700 et 1000 médicaments en rupture. Les antibiotiques, indispensables pour soigner les infections hivernales, sont en tête de liste des produits manquants, avec d’autres traitements critiques comme les sprays pour l’asthme et les médicaments pour le TDAH.
Un manque inquiétant d’antibiotiques avant l’hiver
Alors que l’hiver approche, les infections bactériennes comme les angines, otites ou sinusites augmentent, rendant la disponibilité des antibiotiques cruciale. Selon le site webdrugshortage.ch, la Suisse fait face à une pénurie de près de 100 types d’antibiotiques, parmi lesquels l’amoxicilline et la co-amoxicilline, deux traitements largement prescrits pour les infections respiratoires. Enea Martinelli, pharmacien-chef du groupe hospitalier FMI, confirme cette rupture préoccupante, notant également que les alternatives comme la clarithromycine et l’azithromycine commencent à être touchées.
Ces médicaments sont essentiels pour soigner les infections bactériennes, et leur absence pourrait entraîner une surcharge des hôpitaux cet hiver. Cette pénurie représente une menace directe pour les patients, qui pourraient avoir du mal à se soigner correctement en l’absence de traitements adaptés.
Les asthmatiques et les patients atteints de TDH en alerte
Outre les antibiotiques, les traitements pour d’autres pathologies critiques connaissent aussi des ruptures de stock. Les sprays contre l’asthme, indispensables pour les patients souffrant de troubles respiratoires, sont actuellement en pénurie avec 74 préparations manquantes. De plus, les médicaments pour le traitement du TDAH (trouble déficitaire de l’attention avec ou sans hyperactivité) se font également rares, mettant en danger la continuité des soins pour ces patients.
Parallèlement, les analgésiques opioïdes, tels que le fentanyl et l’oxycodone, sont par ailleurs affectés. Bien que ces médicaments soient utilisés médicalement pour soulager des douleurs sévères, ils sont aussi tristement connus pour leur détournement comme drogues, en particulier aux États-Unis, où ils ont contribué à une crise de dépendance massive.
Des alternatives limitées et d’autres pénuries à surveiller
Selon les experts, le nombre de médicaments en rupture de stock ne se limite pas aux antibiotiques ou aux traitements respiratoires. La Suisse est confrontée à des pénuries dans d’autres catégories, notamment les antiépileptiques et les antiparkinsoniens. Le nombre de médicaments manquants dans ces groupes est plus faible, mais il n’existe que très peu d’alternatives, ce qui complique la gestion de ces pathologies chroniques.
Même des médicaments courants comme l’ibuprofène ne sont pas épargnés par cette crise. Bien que des substituts comme l’aspirine ou le paracétamol soient encore disponibles, la situation reste fragile. Quant à d’autres produits moins critiques, comme le finastéride, utilisé principalement pour traiter la calvitie, leur absence est jugée moins problématique pour la santé publique.