Les femmes suisses continuent de gagner nettement moins que les hommes, malgré des avancées. Entre progrès mesurés et discriminations inexpliquées, l’écart salarial reste une réalité alarmante, particulièrement dans certaines branches économiques.
Salaires en Suisse : les femmes perdent en moyenne 657 francs par mois
En Suisse, l'écart salarial entre hommes et femmes s'atténue progressivement, mais reste significatif. En 2022, les femmes gagnaient encore en moyenne 16,2 % de moins que les hommes, selon l'Office fédéral de la statistique (OFS). Cette réduction, bien qu'encourageante, est freinée par des écarts inexpliqués qui témoignent de discriminations salariales persistantes.
Les syndicats et organisations féminines appellent à des mesures plus strictes pour corriger ces inégalités. Alors que les grandes entreprises sont soumises à des contrôles, les petites structures échappent souvent à toute réglementation, ce qui perpétue des écarts criants.
L'écart salarial diminue, mais l'égalité reste lointaine
Selon les données de l'OFS, l'écart salarial global est passé de 18 % en 2020 à 16,2 % en 2022. Cette amélioration, visible dans les secteurs public et privé, s'explique en partie par des progrès structurels tels qu'une meilleure formation des femmes, l'évolution des postes occupés et l'augmentation de l'ancienneté.
Dans le secteur public, l'écart moyen a diminué de 15,1 % en 2020 à 13,8 % en 2022. Dans le secteur privé, il reste plus marqué, atteignant 17,5 %. Toutefois, la part inexpliquée de ces écarts, celle qui ne trouve aucune justification liée à l'expérience ou aux qualifications, demeure préoccupante. En 2022, près de 50 % des différences salariales entre hommes et femmes étaient attribuables à des discriminations.
Exprimée en termes monétaires, cette part inexpliquée représente une perte moyenne de 657 francs bruts par mois pour les femmes. Dans certains secteurs, comme la finance ou l'industrie, les écarts peuvent dépasser 1200 francs mensuels.
Des inégalités prononcées dans certains secteurs et fonctions
Certaines branches économiques affichent des écarts particulièrement préoccupants. Dans les activités financières et d'assurance, les femmes gagnent en moyenne 29,4 % de moins que leurs collègues masculins. Des secteurs comme l'industrie des machines (-19,3 %) et le commerce de détail (-17,4 %) figurent également parmi les plus inégalitaires. À l'inverse, l'hôtellerie-restauration présente un écart plus modéré (-7,6 %).
La hiérarchie joue également un rôle crucial. Plus les fonctions sont subalternes, plus les écarts sont inexpliqués. En 2022, près de 82,8 % des différences salariales pour les postes sans fonction hiérarchique restaient injustifiées. Chez les cadres supérieurs, cette proportion tombe à 50,5 %, mais l'inégalité demeure.
Les petites entreprises, souvent en dehors des radars des régulateurs, présentent des écarts inexpliqués encore plus marqués (55,3 % en moyenne). Cela met en évidence la nécessité d'une réglementation élargie à toutes les entreprises, quelle que soit leur taille.
Une mobilisation accrue pour une égalité réelle
Face à cette situation, les syndicats, notamment Unia, appellent à une révision de la loi sur l'égalité. Ils dénoncent le fait que seules les 500 plus grandes entreprises sont tenues de mener des analyses salariales, alors que les petites structures, où les discriminations sont souvent les plus fréquentes, échappent à ces obligations.
Unia réclame des sanctions pour les employeurs qui ne respectent pas l'égalité salariale. Selon le syndicat, une véritable égalité nécessite des contrôles systématiques et des pénalités financières pour les contrevenants. Des avancées légales dans ce sens pourraient inciter à un changement de culture au sein des entreprises.