La Suisse pourrait faire face à une pénurie de main-d’œuvre sans précédent d’ici à 2035, avec un manque estimé entre 297 000 et 460 000 travailleurs, selon une étude menée par Economiesuisse et l’Union patronale suisse (UPS).
La Suisse se prépare à une crise de main-d’œuvre sans précédent
La Suisse se prépare à affronter une pénurie de main-d'œuvre sans précédent dans les prochaines années. D'après une récente étude d'Economiesuisse et de l'Union patronale suisse (UPS), le pays pourrait manquer de 297 000 à 460 000 employés d'ici 2035. Ce déficit est principalement lié au départ à la retraite des baby-boomers, ce qui exacerbe le besoin de nouveaux travailleurs pour maintenir la prospérité économique.
Face à cette situation préoccupante, les deux organisations économiques appellent à des réformes pour encourager la participation de la main-d'œuvre indigène, notamment les femmes et les travailleurs de plus de 65 ans. Elles estiment également que l'accès aux travailleurs étrangers, bien qu'essentiel, doit être socialement acceptable pour limiter les tensions.
Une crise de main-d'œuvre inévitable d'ici 2035
D'ici 2035, la Suisse pourrait connaître une diminution de 297 000 travailleurs à temps plein, alors que le pays nécessitera 163 000 employés supplémentaires pour maintenir son niveau de prospérité. Ces prévisions, fondées sur un scénario démographique de l'Office fédéral de la statistique, dressent le portrait d'une pénurie de main-d'œuvre touchant tous les secteurs de l'économie.
L'étude souligne que la pénurie ne se limite plus aux travailleurs qualifiés, mais englobe maintenant l'ensemble de la main-d'œuvre. Ce phénomène résulte principalement du vieillissement de la population suisse, marqué par les départs à la retraite des baby-boomers, une génération nombreuse qui laisse un vide difficile à combler.
Mobiliser le potentiel des femmes et des seniors
Face à cette pénurie imminente, Economiesuisse et l'UPS appellent à des réformes pour mobiliser au mieux le potentiel de la main-d'œuvre locale. Les deux organisations estiment qu'il existe un potentiel important parmi les femmes, en particulier les mères, ainsi que les travailleurs âgés de 65 ans et plus.
Les femmes, nombreuses à travailler à temps partiel, pourraient représenter jusqu'à 48 000 équivalents temps plein supplémentaires si des structures d'accueil pour enfants abordables et accessibles étaient mises en place. Des incitations fiscales, comme l'imposition individuelle et une meilleure progressivité de l'impôt, pourraient aussi encourager davantage de femmes à intégrer ou à prolonger leur activité sur le marché du travail.
En ce qui concerne les travailleurs seniors, en particulier ceux âgés de 65 à 69 ans, l'étude souligne que leur expérience constitue une ressource précieuse pour les entreprises. Pour encourager leur participation, les auteurs de l'étude suggèrent d'améliorer les conditions de travail et de garantir que l'emploi au-delà de l'âge de la retraite soit financièrement intéressant. Cela pourrait permettre de combler jusqu'à 37 000 équivalents temps plein.
La main-d'œuvre étrangère, un pilier indispensable pour la Suisse
Si l'optimisation de la main-d'œuvre indigène est cruciale, Economiesuisse et l'UPS reconnaissent que la Suisse ne pourra pas se passer des travailleurs étrangers. La libre circulation des personnes en provenance de l'Union européenne est, selon eux, un facteur clé de succès pour l'économie suisse. Néanmoins, ils insistent pour que le recours à la main-d'œuvre étrangère reste subsidiaire et « le plus socialement acceptable possible », compte tenu des préoccupations croissantes de la population à ce sujet.
L'initiative de l'UDC visant à limiter la population à 10 millions d'habitants témoigne des tensions entourant la question de l'immigration. Cependant, Economiesuisse et l'UPS estiment que limiter l'immigration n'est pas une solution viable et que la Suisse doit avant tout maintenir des relations constructives avec l'Union européenne pour garantir un accès stable à la main-d'œuvre nécessaire.