L’UDC, notamment à travers une initiative lancée en mai 2024, milite pour l’instauration d’un contrôle systématique des personnes franchissant les frontières suisses. L’objectif affiché est de mieux lutter contre l’immigration illégale, en particulier celle des personnes ne disposant pas des autorisations nécessaires pour séjourner dans le pays. Cette initiative a pris de l’ampleur avec la présentation d’une motion par le sénateur Marco Chiesa.
Toutefois, un rapport récemment consulté par la Neue Zürcher Zeitung met en évidence les difficultés pratiques et financières d’une telle politique, qui se révèle difficile à mettre en œuvre à grande échelle. Le rapport met également en lumière la complexité logistique, soulignant que la Suisse compte plus de 400 points d’entrée, ce qui rend l’idée d’un contrôle généralisé problématique.
Les coûts d’un contrôle renforcé : des chiffres difficilement quantifiables
Selon les informations relayées par 20 Minutes, la mise en place d’un contrôle systématique des frontières entraînerait des coûts considérables. Bien que ces coûts soient qualifiés de « non chiffrables », le rapport met en avant l’augmentation du personnel nécessaire à l’Office fédéral de la douane et de la sécurité des frontières (OFDF) pour mener à bien une telle mission. Par exemple, une patrouille supplémentaire 24h/24 pour les quatre principaux axes frontaliers entraînerait un surcoût d’au moins 7,6 millions de francs.
À cela s’ajoutent des ralentissements importants dans le passage des douanes, ce qui nuirait non seulement à l’efficacité des contrôles, mais aussi à l’attractivité des cantons frontaliers, déjà confrontés à des pénuries de main-d’œuvre qualifiée. Les répercussions économiques de ces ralentissements seraient particulièrement lourdes, affectant directement la fluidité des échanges et la compétitivité des régions concernées.
Le rejet de la motion et les alternatives proposées par la commission
Le 12 février 2025, la commission des institutions politiques du Conseil des États a rejeté la motion de Marco Chiesa, qui proposait un contrôle systématique des frontières, estimant qu’elle était « inenvisageable » pour des raisons pratiques et financières, comme l’indique la même source. Par 6 voix contre 5, les membres de la commission ont jugé que cette mesure n’était pas réalisable à l’échelle nationale.
Néanmoins, un compromis a été trouvé. La commission a adopté à l’unanimité une motion visant à renforcer les contrôles, mais de manière ciblée. Cette approche chercherait à lutter contre l’immigration illégale sans pour autant imposer un contrôle systématique. Le Parlement devra désormais se prononcer sur la question, en prenant en compte les défis économiques et logistiques soulevés par cette mesure.