En Suisse, près de 25,8 % des contribuables ne versent pas un seul centime d'impôt fédéral direct sur le revenu. Cette réalité, révélée par les chiffres de l'Administration fédérale des contributions (AFC) pour l'année fiscale 2020, soulève des questions sur les disparités fiscales entre les différentes régions du pays.
Certaines régions, principalement en Suisse alémanique, enregistrent des taux élevés de paiement de cet impôt, tandis que d'autres, notamment en Suisse romande, comptent un nombre important de contribuables exemptés.
Disparités fiscales entre les cantons suisses face à l'impôt fédéral direct
La répartition des contribuables qui paient l'impôt fédéral direct varie significativement selon les régions. En Suisse alémanique, les cantons comme Zoug, Zurich et Argovie se distinguent par un nombre élevé de contribuables soumis à cet impôt. Par exemple, Zoug se démarque avec seulement 18,4 % de ses contribuables exemptés. Cela contraste fortement avec la Suisse romande, où des cantons comme Genève, Neuchâtel et le Jura affichent des taux beaucoup plus élevés d'exonération.
Le canton de Vaud présente une situation intermédiaire. À Lausanne, par exemple, sur 145 358 résidents, 85 757 sont des contribuables, et 68,1 % de ceux-ci paient l'impôt fédéral sur le revenu. Ce chiffre illustre bien la diversité des situations fiscales selon les régions et les profils des résidents.
Qui sont les contribuables exonérés d'impôt fédéral direct ?
Les raisons pour lesquelles un quart des contribuables suisses ne paient pas d'impôt fédéral direct sont multiples. Ceux qui échappent à cet impôt sont principalement des individus aux revenus modestes ou à l'activité professionnelle limitée. Marius Brülhart, professeur d'économie à l'Université de Lausanne, explique que cette catégorie inclut non seulement des travailleurs à bas salaire, mais aussi des étudiants, des retraités et des personnes en situation de précarité. Par exemple, une mère célibataire à Lausanne, gagnant 45 000 francs par an, peut être exonérée de l'impôt fédéral grâce aux déductions fiscales appliquées à son revenu.
Ce phénomène n'est pas nécessairement négatif, car il résulte souvent de la progressivité de l'impôt, conçu pour réduire la charge fiscale des contribuables les plus vulnérables. Il reflète une volonté politique d'alléger la pression fiscale sur les personnes en difficulté financière, permettant ainsi une redistribution des richesses au sein de la société.
Implications sociales et économiques
Bien que ces contribuables ne paient pas d'impôt fédéral direct sur le revenu, ils restent soumis à d'autres formes de prélèvements, comme la TVA et les contributions à l'assurance vieillesse (AVS). Marius Brülhart souligne que l'impôt sur le revenu joue un rôle crucial dans le maintien d'un certain équilibre social, ce que ne permettent pas d'autres taxes moins progressives.
Cependant, cette situation pose des questions sur l'équité fiscale et la capacité du système à redistribuer les richesses de manière efficace. Les communes avec un taux élevé de non-contribuables sont souvent celles où l'économie locale est fragile, avec une démographie défavorable et un secteur agricole en difficulté, ce qui peut compliquer le financement des services publics dans ces régions.