Dans un contexte mondial marqué par des tensions géopolitiques croissantes, des incertitudes économiques et des bouleversements climatiques, la question de la sécurité future est de plus en plus pressante. Un nouvel indice mondial, le Global Investment Risk and Resilience Index, publié par le cabinet Henley & Partners en collaboration avec AlphaGeo, s’attache à répondre à cette question.
Cet indice évalue la vulnérabilité des pays aux risques mondiaux et leur capacité à se remettre de crises majeures. À la surprise de certains, c’est la Suisse qui occupe la première place de ce classement, devançant les pays nordiques et Singapour. Ce résultat, bien que rassurant, suscite aussi des interrogations sur ce qui permet à ce petit pays alpin de dominer un classement de cette envergure.
La méthode de classement : au-delà de la compétitivité économique
Le Global Investment Risk and Resilience Index ne se contente pas d’évaluer les performances économiques des nations. Son approche est plus globale, prenant en compte des critères essentiels tels que la stabilité politique, la sécurité juridique et la capacité d’adaptation face aux risques climatiques. Cette méthodologie se distingue des indices économiques traditionnels qui privilégient principalement les données économiques. Comme l’a souligné Parag Khanna, fondateur d’AlphaGeo, l’objectif était de donner une vue d’ensemble sur les pays, en ne se limitant pas uniquement à la dynamique économique : « Nous n’avons pas seulement examiné la dynamique économique, mais aussi la stabilité politique, la sécurité juridique et les risques climatiques », relate Watson. Ce sont précisément ces critères qui permettent à la Suisse de se hisser en tête de ce classement.
Avec un score impressionnant de 88,42 points sur 100, la Suisse devance de peu des nations réputées pour leur stabilité, telles que le Danemark, la Norvège et la Suède. La résilience du pays est nourrie par plusieurs éléments fondamentaux. Sur le plan économique, la Suisse affiche des niveaux de risque extrêmement faibles, notamment en ce qui concerne l’inflation, les incertitudes juridiques et réglementaires. Cela reflète une gouvernance stable et une transparence institutionnelle qui permettent au pays de maintenir une trajectoire stable même en période de crise. En outre, le pays se distingue par son haut niveau d’innovation, sa capacité d’adaptation aux enjeux climatiques et un progrès social marqué, qui contribuent tous à la solidité de ses fondements.
La résilience face aux crises mondiales : une stratégie globale
La résilience de la Suisse ne réside pas uniquement dans ses performances économiques. Un autre facteur clé de cette résilience est sa capacité à s’adapter aux bouleversements mondiaux, qu’ils soient économiques, politiques ou climatiques. Dans un monde de plus en plus vulnérable aux impacts du changement climatique, la Suisse a su investir dans des infrastructures et des politiques publiques permettant de limiter ces effets. Son approche proactive face aux risques climatiques fait d’elle un modèle à suivre. En parallèle, son système juridique solide et sa gouvernance efficace assurent une stabilité sans égale sur le plan interne.
Comparée aux États-Unis, classés 24e, la Suisse bénéficie d’une stabilité politique et d’un système juridique qui permettent d’assurer la continuité et la prévisibilité des actions étatiques. Certes, les États-Unis sont un leader mondial en matière d’innovation et d’économie, mais leur faible stabilité politique, exacerbée par des inégalités sociales profondes et une dette publique élevée, fragilise leur capacité à gérer les crises futures. De plus, les infrastructures vieillissantes et les risques climatiques considérables rendent le pays particulièrement vulnérable. À l’inverse, la Suisse se distingue par son agilité, un atout majeur dans un monde de plus en plus interconnecté.
Les pays petits et agiles : un avantage stratégique
Il est intéressant de noter que les pays les mieux classés dans cet indice sont souvent de petite taille. Parmi les meilleurs, on retrouve le Danemark, la Norvège, la Suède et Singapour, des nations qui, bien que relativement petites sur le plan géographique, ont su faire preuve d’une grande agilité pour s’adapter aux changements mondiaux. Selon les auteurs de l’indice, cette taille réduite favorise la réactivité et la flexibilité face aux crises, ce qui leur permet de maintenir un haut niveau de sécurité et de résilience.
À l’opposé, des pays plus grands comme les États-Unis ou l’Allemagne présentent des défis spécifiques, notamment en matière d’infrastructures et de gestion des inégalités sociales. L’Allemagne, bien qu’occupant une place respectable en 10e position, est freinée par des investissements insuffisants dans ses infrastructures, ce qui limite sa capacité à répondre aux défis futurs. Toutefois, elle se distingue par la solidité de ses institutions politiques et la bonne santé de ses finances publiques, des atouts non négligeables face aux incertitudes mondiales.








