Pour la première fois depuis la crise du Covid-19, la Confédération suisse parvient à presque équilibrer ses finances. Le budget 2024 anticipait un déficit de financement de 2,6 milliards de francs, mais le résultat final dévoile un écart bien moindre, avec un déficit limité à 80 millions. Cette amélioration inattendue marque un tournant après plusieurs années de déficits conséquents.
L’écart de 2,5 milliards entre les prévisions et le résultat final s’explique par plusieurs facteurs, notamment une augmentation importante des recettes fiscales et une réduction des dépenses extraordinaires. La Confédération a ainsi pu, pour la première fois, réduire la dette liée à la crise sanitaire, estimée à 27 milliards de francs.
Un budget impacté par des recettes fiscales exceptionnelles
Les recettes fiscales ont largement contribué à l’amélioration du solde budgétaire. Les recettes ordinaires ont progressé de 4,7 milliards de francs, soit une hausse de 5,7 %, dépassant les attentes du gouvernement. L’impôt fédéral direct a rapporté 2 milliards de francs supplémentaires, tandis que la TVA a généré 1,8 milliard de francs de plus, en raison notamment du relèvement du taux destiné à financer l’AVS. L’impôt anticipé a, quant à lui, permis un gain supplémentaire de 500 millions de francs.
Un facteur clé a été la performance exceptionnelle des sociétés de négoce de l’énergie et des matières premières, notamment celles basées à Genève. En raison de la flambée des prix des matières premières en 2022 et 2023, ces entreprises ont enregistré des bénéfices exceptionnellement élevés. L’imposition de ces profits a été comptabilisée en 2024, ce qui a considérablement renforcé les recettes de la Confédération. Le budget a également bénéficié de recettes exceptionnelles issues de la vente de Ruag International, qui a rapporté 150 millions de francs.
Une réduction des dépenses principalement due à des reports budgétaires
L’amélioration des comptes fédéraux ne repose pas uniquement sur une hausse des recettes, mais aussi sur une diminution des dépenses extraordinaires. Une partie des charges initialement prévues en 2024 a été repoussée à 2025. Un des reports majeurs concerne l’apport unique en capital destiné aux CFF. Prévu initialement à 1,15 milliard de francs, le versement a été réduit à 850 millions en 2024, avec un report du solde à l’année suivante.
Les dépenses ordinaires ont néanmoins progressé de 4 %, soit une augmentation de 3,2 milliards de francs. Parmi ces hausses, les contributions aux assurances sociales ont augmenté de 1,5 milliard de francs, tandis que les versements aux cantons et aux communes ont progressé de 1 milliard de francs.
La réduction du déficit en 2024 permet d’envisager un solde budgétaire « presque équilibré » en 2026. Toutefois, la ministre des Finances, Karin Keller-Sutter, a averti que la tendance ne pouvait pas se prolonger sans mesures d’économie. Des coupes budgétaires de 2,7 milliards sont prévues en 2027 et de 3,6 milliards en 2028. La ministre a mis en garde contre le risque d’une augmentation des impôts si ces ajustements budgétaires ne sont pas réalisés.
Malgré l’amélioration constatée en 2024, la Confédération devra donc encore arbitrer entre réduction des dépenses et nouvelles sources de financement pour assurer l’équilibre des finances publiques à long terme.
