Les élus de la commission des transports du Conseil des États ont rejeté, vendredi, une initiative déposée par le Canton du Jura visant à réduire significativement les prix des transports publics en Suisse. Jugée incompatible avec la situation financière actuelle, la proposition de faire supporter la baisse des tarifs par l’État n’a pas trouvé d’écho favorable.
Alors que le Jura cite le succès du «Klimaticket» autrichien comme modèle, la commission des transports a rappelé que la fixation des tarifs relève des entreprises de transport et que ce sont les cantons qui doivent agir pour toute mesure visant à encourager l’usage des transports publics.
Une initiative ambitieuse, mais sans soutien au niveau fédéral
Le Canton du Jura a déposé, il y a un an, une initiative visant à réduire significativement les prix des transports publics en Suisse, dans l’optique d’une politique favorable au climat. Inspirée par le «Klimaticket» autrichien, qui permet aux citoyens de voyager dans tout le pays pour un prix avantageux, cette proposition espérait encourager les Suisses à privilégier les transports publics en réduisant la barrière des coûts.
Cependant, vendredi dernier, la commission des transports du Conseil des États a rejeté cette initiative sans réserve par 8 voix contre 0, avec 2 abstentions. Les élus ont souligné que les prix des billets et des abonnements devraient rester de la compétence des entreprises de transport et que le financement d’une baisse tarifaire ne pouvait incomber à la Confédération.
La question du financement divise les élus
Un autre point sensible soulevé par les élus concerne le financement d’une telle initiative. Pour eux, la situation économique actuelle de la Confédération ne permet pas de supporter un tel coût. En effet, toute réduction de prix serait nécessairement compensée par des subventions étatiques, un effort jugé irréaliste dans le contexte actuel des finances publiques.
La commission rappelle que si une mesure est nécessaire, elle devrait venir des cantons eux-mêmes. Genève, par exemple, prévoit la gratuité des Transports Publics Genevois (TPG) pour les jeunes et des réductions pour les seniors. Vaud s’apprête également à mettre en place des rabais pour son réseau Mobilis.
L’exemple autrichien, difficile à transposer en Suisse
L’Autriche a su mettre en place un abonnement national à un prix réduit pour inciter ses citoyens à utiliser les transports publics. Lancé il y a trois ans, le «Klimaticket» est proposé à un tarif annuel de 1095 euros, permettant à ses détenteurs de voyager dans tout le pays pour l’équivalent de 3 euros par jour. Ce modèle a rencontré un franc succès dès ses débuts, avec plus de 75 000 abonnements vendus en seulement deux semaines.
En comparaison, l’abonnement général en Suisse coûte environ 10,95 francs par jour, un tarif largement plus élevé. Même avec la première augmentation de prix du «Klimaticket», annoncée à 1179 euros par an pour 2025, l’abonnement autrichien reste bien plus accessible. De plus, l’Autriche offre désormais un abonnement gratuit d’une année à tous les jeunes atteignant 18 ans, une initiative qui vise à encourager l’usage des transports dès le plus jeune âge.