Malgré un salaire moyen de 7300 euros, de nombreux Suisses peinent à se loger à un prix abordable. La hausse des loyers et la spéculation immobilière rendent l’accès au logement difficile, y compris pour les classes moyennes.
Le marché du logement suisse traverse une crise profonde, marquée par une pénurie de logements abordables et une pression financière croissante sur les locataires. Même dans un pays réputé pour sa prospérité économique, de nombreux résidents se retrouvent contraints de chercher des solutions alternatives pour se loger dignement.
Ce phénomène met en lumière les limites du modèle économique helvétique en matière de logement. Face à la flambée des prix, des initiatives émergent, mais restent encore marginales dans un marché largement dominé par les logiques spéculatives.
Les coopératives d’habitation comme réponse partielle à la crise
En réaction à la hausse des loyers, des coopératives d’habitation se sont développées, principalement en Suisse alémanique, à Zurich et Bâle. Ces structures à but non lucratif proposent un mode de logement différent, où le loyer est calculé sur le coût de construction plutôt que sur les prix du marché. Selon la RTBF, ces coopératives offrent un cadre de vie plus stable, sans but lucratif, permettant aux habitants d’éviter la spéculation.
Samuel Bendahan, président de la coopérative Le Bled à Lausanne, explique que les contrats de vente incluent des clauses interdisant toute spéculation pendant 25 ans. À la fin de cette période, un droit de préemption est accordé à la ville ou à la coopérative.
L’objectif est de maintenir un niveau de vie correct à des tarifs acceptables, selon ses propos relayés par le média. Actuellement, ces initiatives ne représentent que 4 % du parc immobilier suisse, bien que Zurich affiche un taux de 18 %.
Des hausses de loyers généralisées en Europe, mais des cas extrêmes à l’Est
Entre 2021 et 2023, les loyers ont progressé de 5 % en moyenne en Europe. Toutefois, certaines régions ont été bien plus touchées. La Hongrie a connu une augmentation de 13,8 %, suivie par la Slovénie avec 12,3 %. Ces données indiquent une disparité marquée entre les pays d’Europe, avec une pression plus forte dans les économies de l’Est.
En comparaison, la France a enregistré une hausse plus modérée des prix de l’immobilier, à 7,28 %, tandis que l’Italie et la Belgique affichaient respectivement 5,3 % et 10 %. Ces chiffres montrent que si la crise du logement est européenne, ses effets sont ressentis de manière inégale.
Un poids économique disproportionné sur les ménages précaires
En moyenne, les ménages européens consacrent 19,7 % de leur revenu disponible au logement. Mais cette part grimpe considérablement dans certains pays. En Grèce, elle atteint 35,2 %, au Luxembourg 27,6 % et au Danemark 25,9 %. Chez les populations en situation de précarité, la part du revenu alloué au logement peut s’élever à 38,2 %.
Cette charge montre la tension croissante que subissent les ménages face à des loyers qui ne cessent d’augmenter. Même en Suisse, où les revenus sont élevés, le logement reste un poste de dépense difficile à supporter, en particulier dans les grandes villes.








