Les primes d’assurance maladie en Suisse connaissent une hausse vertigineuse, plaçant une partie croissante de la population dans une situation financière de plus en plus précaire. Face à cette réalité, les subsides (réductions de primes) ont également explosé, mais à un rythme encore plus rapide que celui des primes elles-mêmes.
En 2024, environ 41% des ménages suisses bénéficient de ces aides, une proportion qui a doublé en 30 ans. Ce phénomène a un impact majeur sur les finances publiques, car ces aides sont financées par les impôts des citoyens.
L’explosion des primes et des subsides : un cercle vicieux
L’augmentation des primes maladie en Suisse, qui a bondi de 178% au cours des 28 dernières années, s’accompagne d’une explosion parallèle des subsides, qui ont progressé de 350% entre 1996 et 2024. Les chiffres de l’Office fédéral de la statistique (OFS) et de l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) sont sans appel : une part croissante de la population n’est plus en mesure de couvrir les frais liés à la santé, et ce problème touche de plus en plus de ménages. En 1996, seulement 23% des personnes bénéficiaient d’une aide pour leurs primes maladie, contre 29,5% en 2024, ce qui représente environ 2,7 millions de personnes. Ces chiffres révèlent une précarisation progressive, notamment parmi les ménages à bas revenus, qui souffrent particulièrement de l’inflation élevée des cinq dernières années.
Aujourd’hui, 41% des ménages en Suisse, soit environ 1,6 million de foyers, sont confrontés à une situation où l’assurance maladie obligatoire est inabordable. Un nombre qui a augmenté de 61% par rapport à 1996. L’augmentation de la population de 29% au cours de cette période ne justifie pas à elle seule cette flambée des bénéficiaires de subsides. Cette situation traduit clairement la difficulté de maintenir l’équilibre financier du système de santé suisse face à une hausse exponentielle des coûts, alors même que l’inflation officielle est restée faible ces dernières années (0,2% actuellement) et que le chômage, avec un taux de 2,5%, est très proche du plein emploi.
Dans ce contexte, de plus en plus de foyers se retrouvent dans l’incapacité de régler leurs primes, ce qui conduit à un recours massif à des poursuites pour dettes. Cette situation est un indicateur alarmant de la précarisation croissante des assurés, qui, en dépit de leurs efforts pour s’acquitter de leurs obligations, se voient contraints d’emprunter pour payer leurs cotisations. Ce phénomène s’est intensifié au cours des 15 dernières années, alors même que la population a connu une croissance plus modeste. Le nombre de poursuites a également augmenté, mettant en lumière la fragilité de nombreux assurés face à des coûts de plus en plus inaccessibles.
L’impact des subsides sur les finances publiques
Les montants des subsides ont atteint des niveaux jamais vus auparavant, avec 6,6 milliards de francs versés en 2024, contre 5,5 milliards en 2021. Ce phénomène s’explique par l’augmentation des montants moyens alloués par ménage. En 1996, un ménage bénéficiaire recevait en moyenne 1’500 francs de subside pour couvrir ses primes maladie. En 2024, cette somme a triplé pour atteindre 4’200 francs. Plus de la moitié des ménages bénéficiaires touchent des montants entre 4’800 et 12’000 francs par an. Ces montants peuvent paraître élevés, mais ils sont essentiels pour permettre à ces familles de subsister et d’accéder à une couverture de santé de base.
Prenons l’exemple du canton de Vaud : pour une famille de quatre enfants avec une prime annuelle totale de 19’731 francs, le subside atteint 9’549 francs, soit près de la moitié du montant à payer. Bien que ce soutien soit crucial, il alourdit également les finances publiques, puisque les subsides sont financés par les contribuables. Une telle situation fait naître une double pression : d’une part sur les assurés, qui doivent faire face à des primes de plus en plus élevées, et d’autre part sur les finances publiques, qui doivent financer des aides toujours plus coûteuses pour maintenir un accès égalitaire aux soins de santé.
En 2024, 62% des bénéficiaires de subsides sont des ménages composés d’un seul adulte, et 37% sont des jeunes de moins de 25 ans. Ces chiffres montrent que les jeunes adultes, souvent dans des situations précaires sur le plan économique, sont particulièrement touchés par la hausse des primes maladie. Cela soulève des questions sur l’efficacité du système en place pour offrir un soutien adéquat aux plus vulnérables, tout en veillant à ce que les finances publiques restent viables.








