Starlink, l’internet par satellite d’Elon Musk, peine à séduire en Suisse

Présent en Suisse depuis un an et demi, Starlink peine à s’imposer face à un réseau mobile performant, une consommation énergétique élevée et des doutes sur la protection des données.

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Starlink, filiale de SpaceX dirigée par Elon Musk, ambitionne de couvrir la planète avec une flotte de plus de 40 000 satellites, dont 7 000 sont déjà en orbite. L’entreprise revendique 4,6 millions d’abonnés dans le monde et met en avant des records de vente. En Suisse, malgré une concession obtenue en 2023 et des abonnements disponibles dès 40 francs suisses par mois, le service ne trouve pas son public, comme l’a rapporté le Tages-Anzeiger.

Le réseau de téléphonie mobile en Suisse atteint 99 % de la population, ce qui limite le besoin d’une alternative satellitaire. Seules certaines zones isolées, comme des refuges de montagne, pourraient bénéficier de cette technologie. Mais plusieurs utilisateurs, dont un gardien de refuge dans le Tessin, ont souligné des problèmes liés à la consommation énergétique du dispositif, selon 20 minutes.

Une couverture mobile trop performante pour un marché de niche

L’un des principaux freins à l’adoption de Starlink en Suisse réside dans la qualité du réseau mobile existant. D’après le Tages-Anzeiger, la couverture 4G et 5G atteint quasiment toute la population, rendant l’offre de Starlink peu attractive. Seuls certains lieux isolés, comme les refuges du Club alpin suisse, pourraient en tirer un avantage.

Les chiffres de vente de Starlink en Suisse restent confidentiels. Ni l’entreprise ni le distributeur Digitec ne communiquent d’informations précises sur la popularité du service. Fust, qui propose l’installation du matériel, indique simplement que la demande reste limitée depuis son lancement.

Le coût représente également un facteur dissuasif. L’abonnement mensuel débute à 40 francs suisses, mais nécessite l’achat d’un routeur vendu environ 330 francs sur Digitec-Galaxus. Dans un pays où les alternatives terrestres sont déjà bien établies, ce tarif peut apparaître comme un investissement superflu.

Un équipement trop énergivore pour certains utilisateurs

Même dans les zones où une connexion satellite serait utile, Starlink présente des limites. La consommation énergétique du matériel pose problème, notamment pour les sites fonctionnant sur des sources d’énergie autonomes. Un gardien de refuge tessinois a confié à 20 minutes que l’antenne Starlink, bien que performante, consomme énormément d’électricité. À plusieurs reprises, elle a vidé les batteries solaires de l’installation, compromettant le fonctionnement de l’ensemble des équipements.

L’exigence énergétique de Starlink peut ainsi compliquer son usage dans des contextes où l’électricité est une ressource limitée. Contrairement aux infrastructures de téléphonie mobile, qui ne nécessitent pas d’équipement actif chez l’utilisateur final, le système Starlink repose sur un terminal individuel devant être alimenté en permanence.

Des interrogations sur la protection des données

En plus des contraintes techniques et économiques, Starlink se heurte à des inquiétudes concernant la gestion des données. En janvier 2024, l’opérateur Salt annonçait être le premier en Europe à avoir signé un accord avec Starlink. Pourtant, ses clients n’ont toujours pas accès au service, en raison d’obstacles réglementaires.

D’après 20 minutes, les données des utilisateurs de Starlink seraient temporairement stockées, analysées et revendues. Cette pratique soulève des préoccupations en matière de confidentialité et pourrait expliquer la prudence des autorités suisses. De plus, ni Starlink ni SpaceX ne figurent sur la liste du Swiss-US Data Privacy Framework, un registre officiel des entreprises américaines jugées conformes aux standards suisses de protection des données.

Face à ces limites, Starlink peine à s’imposer en Suisse. Entre une couverture mobile déjà optimisée, une consommation énergétique élevée et des incertitudes réglementaires, le service rencontre des difficultés à s’intégrer dans un marché qui semble déjà largement satisfait par les infrastructures existantes.

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