Le projet « SRF 4.0 », lancé par la direction de la SRF, vise à réduire les coûts tout en adaptant l’offre de la chaîne à l’évolution des usages du public. Dans ce cadre, 50 postes à temps plein seront supprimés et plusieurs programmes seront réduits, transformés ou purement arrêtés. La direction justifie ces mesures par la nécessité de répondre aux défis économiques actuels et d’assurer la pérennité du groupe.
Cette annonce fait suite à l’arrêt programmé de l’émission « Gesichter & Geschichten » l’été prochain. Moins de 24 heures après cette décision, la directrice de la SRF, Nathalie Wappler, a dévoilé vingt nouvelles mesures d’économie, confirmant l’ampleur de la restructuration en cours.
Un recours aux consultants pour encadrer les économies
Pour mener à bien cette réforme, la SRF a fait appel à des consultants externes. Dans une première phase, la société spécialisée Nunatak a accompagné la chaîne pour analyser ses structures organisationnelles. Cependant, en raison des contraintes financières, cette collaboration a pris fin en 2023. Depuis janvier 2024, c’est PricewaterhouseCoopers (PWC) qui a pris le relais pour évaluer le département de Production.
PWC fait partie des « Big Four », les quatre plus grands cabinets d’audit au monde. Il est chargé d’examiner les plans d’économie de la chaîne jusqu’en mars 2024. La SRF refuse toutefois de préciser le coût de cette prestation, mais selon un expert du secteur, les tarifs journaliers des consultants en stratégie varient entre 3000 et 5000 francs.
Des suppressions d’émissions et des tensions internes
La restructuration de la SRF a des répercussions directes sur les programmes et les équipes. L’émission « Gesichter & Geschichten », diffusée depuis 20 ans, sera supprimée, notamment en raison de la baisse d’audience. En 2020, elle rassemblait encore 200 000 téléspectateurs en moyenne, contre 125 000 aujourd’hui, ce qui a motivé son arrêt.
La rédaction scientifique de la radio SRF subira aussi une réduction d’un tiers de son budget, avec pour conséquence la suppression du « magazine scientifique » en 2026. Cette décision a suscité de vives réactions, notamment de la part du rédacteur scientifique Christian von Burg, qui a exprimé son mécontentement sur LinkedIn. Son message a rapidement disparu, la SRF affirmant que les critiques doivent être formulées en interne et non publiquement. Une réunion a eu lieu avec la direction et, à l’issue de ces discussions, les employés ont été invités à supprimer leurs posts critiques.
Un contexte politique pesant sur l’avenir de l’audiovisuel public
Ces mesures d’économie s’inscrivent dans un contexte politique tendu. La SSR, maison-mère de la SRF, fait face à une initiative de l’UDC visant à réduire de moitié la redevance audiovisuelle. La directrice de la SRF, Nathalie Wappler, a tenu à démentir tout lien direct entre ces coupes et l’initiative, mais a reconnu qu’elle souhaitait anticiper d’éventuelles réductions budgétaires pour éviter un ajustement brutal l’année du vote.
Le Conseiller fédéral Albert Rösti a récemment proposé une réduction de la redevance de 335 à 300 francs, obligeant la SSR à économiser 270 millions d’ici 2029. La directrice générale de la SSR, Susanne Wille, estime que cela pourrait entraîner la suppression d’environ 1000 emplois. Par ailleurs, un contre-projet encore plus radical est en discussion au Parlement, ce qui pourrait accentuer les coupes budgétaires.
De nouvelles économies en préparation
Les économies annoncées par la SRF ne sont qu’un premier volet. Dès cet été, la chaîne devra encore trouver 12 millions de francs supplémentaires à économiser. Ces ajustements permettent uniquement de « stabiliser » le budget jusqu’en 2026, mais ne suffiront pas si l’initiative de l’UDC venait à être adoptée.
Derrière ces décisions, Laura Köppen, cheffe du « département Audience » et co-directrice du projet « SRF 4.0 », joue un rôle clé. Avec son équipe, elle analyse en détail les performances des programmes et définit ceux qui sont jugés prioritaires. Selon la SRF, l’objectif est de mieux cibler l’offre en fonction des attentes du public. C’est dans cette optique que la suppression de « Gesichter & Geschichten » et du « magazine scientifique » a été justifiée, la chaîne estimant que ces émissions « correspondent de moins en moins au comportement d’utilisation du public ».