Cette solution immobilière fait exploser les loyers et aggrave la précarité des petits salaires en Suisse

La démolition d’anciens bâtiments pour lutter contre la pénurie de logements en Suisse exclut les ménages à faibles revenus, exacerbant les inégalités sociales.

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démolition d'un bâtiment
Cette solution immobilière fait exploser les loyers et aggrave la précarité des petits salaires en Suisse - © Sutterstock

Les grandes villes suisses, confrontées à la pénurie de logements, misent sur la démolition et reconstruction pour répondre à la demande croissante. Mais cette stratégie a des conséquences sociales profondes, en particulier pour les ménages à faibles revenus.

Dans des villes comme Zurich, Lausanne ou Genève, la destruction des anciens bâtiments pour faire place à des constructions modernes entraîne des expulsions massives.

Les foyers les plus vulnérables sont les premières victimes, confrontés à des loyers de plus en plus élevés. Cette tendance, qui se généralise, accentue les inégalités sociales et soulève des questions sur l’inclusivité des politiques urbaines en Suisse.

Une politique de densification urbaine qui coûte cher aux ménages modestes

Pour pallier la pénurie de logements, la Suisse mise de plus en plus sur la densification urbaine. Depuis la révision de la loi sur l’aménagement du territoire en 2013, la construction a principalement consisté à démolir des bâtiments anciens et à reconstruire des logements modernes.

Cette démarche, qui représente désormais une part majeure des nouvelles constructions, touche surtout les ménages à faibles revenus, qui occupaient auparavant ces logements. Ces derniers sont souvent contraints de quitter leur logement face à la hausse des loyers.

Une étude réalisée par l’EPFZ, sur mandat de l’Office fédéral du logement (OFL), met en évidence que ces ménages avaient des salaires bien en dessous de la moyenne (de 30 à 39% inférieurs à celle-ci) et peinent à retrouver un logement abordable.

Les logements neufs qui remplacent les anciens sont, quant à eux, occupés par des personnes ayant des revenus supérieurs de 14,6% à 38,7% à la moyenne, ce qui accentue les inégalités sociales, rapporte la RTS.

L’impact social des évictions : un tournant pour les quartiers

Les évictions massives résultant de la démolition des anciens bâtiments ont des conséquences sociales qui transforment la structure des quartiers. Les familles modestes, souvent plus âgées, sont remplacées par des habitants plus jeunes, au revenu supérieur, notamment dans des villes comme Zurich, où les expulsions sont particulièrement nombreuses.

Selon l’étude de l’EPFZ, les personnes déplacées avaient une moyenne d’âge de 5 à 12 ans supérieure à celle des nouveaux habitants. Cette situation réduit la mixité générationnelle dans les quartiers et favorise une homogénéisation sociale qui ne profite pas aux plus fragiles. En outre, les personnes à bas revenus, notamment les réfugiés ou les ressortissants d’Afrique, sont particulièrement touchées par ce phénomène d’éviction.

La situation différente d’une ville à l’autre

Toutes les grandes villes ne sont pas touchées de la même manière par ces évictions. Zurich connaît un nombre particulièrement élevé d’expulsions, avec des évictions touchant 1,02% de la population entre 2015 et 2020, contre seulement 0,08% à Genève.

La ville de Lausanne, quant à elle, a connu une moyenne d’expulsions plus faible, avec 0,23% de la population concernée. Cette disparité peut s’expliquer par des politiques de construction différentes et des approches variées de la densification dans les différentes régions de la Suisse.

Néanmoins, ce phénomène global soulève des inquiétudes quant à la gestion des inégalités sociales. Par ailleurs, les constructions récentes ont pour effet de restreindre l’accès à des logements plus abordables pour les populations précaires, ce qui semble accentuer les fractures sociales.

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