Les soins privés coûtent des millions aux Suisses : ce piège caché gonfle les factures d’hôpital à l’insu des patients

L’assurance en division privée augmente les coûts des soins en Suisse, creusant les inégalités et mettant en péril l’équité du système de santé.

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Les soins privés coûtent des millions aux Suisses : ce piège caché gonfle les factures d’hôpital à l’insu des patients : Crédit : Canva | Econostrum.info - Suisse

Le système de santé suisse est souvent admiré pour sa qualité, mais un phénomène inquiétant se fait de plus en plus sentir : l’impact financier des assurances complémentaires, notamment celles qui permettent une hospitalisation en division privée. Ces options, qui offrent des chambres individuelles et un meilleur confort, augmentent considérablement les coûts pour l’ensemble du système.

Selon une récente enquête menée par la RTS, les coûts liés à cette option dépassent largement les attentes et ont des répercussions non seulement sur les assurés, mais aussi sur l’ensemble de la collectivité. Loin d’être une simple question de confort, l’hospitalisation en division privée implique des coûts supplémentaires qui affectent l’ensemble du système de santé suisse.

Une augmentation des coûts due à la rémunération des médecins

L’option « division privée » entraîne des surcoûts importants, notamment en raison des honoraires des médecins. Prenons l’exemple d’une opération de la hanche, une intervention courante dans les hôpitaux suisses. En division générale, l’ensemble des coûts pour l’hospitalisation et l’opération avoisine les 15 000 francs. Cependant, si le patient choisit une chambre en division privée, il devra rajouter environ 13 000 francs supplémentaires, d’après l’émission On en parle de la RTS. Ce supplément est principalement constitué des honoraires du médecin, qui peuvent passer de 2 000 à 6 000 francs selon la division choisie. En effet, les frais médicaux, qui incluent les honoraires des chirurgiens et autres praticiens, sont beaucoup plus élevés pour les patients en division privée que pour ceux en division générale ou semi-privée.

L’impact de cette différence est considérable. En moyenne, être hospitalisé en division privée augmente la facture de 6 000 à 16 000 francs, une somme non négligeable pour les assurés, mais qui pèse également sur l’ensemble du système de santé. En effet, ces surcoûts doivent être absorbés par les assurances et, en dernière instance, par les assurés eux-mêmes, sous forme de primes plus élevées. Ce phénomène affecte particulièrement les cantons où les coûts sont déjà élevés. À Genève, par exemple, les surcoûts peuvent atteindre entre 13 000 et 19 000 francs par opération, tandis que dans le canton de Vaud, ces coûts varient entre 12 000 et 21 000 francs. Ces différences entre cantons soulignent l’absence de régulation uniforme et le manque de transparence dans les tarifs des assurances privées, ce qui ajoute une complexité supplémentaire au financement du système de santé.

Les effets sur l’équité du système de santé

L’un des principaux risques liés à l’essor de l’assurance en division privée est celui d’un système de santé à deux vitesses. L’accès à des soins plus rapides et personnalisés grâce à l’option privée crée une distinction claire entre les patients ayant les moyens de se permettre cette couverture complémentaire et ceux qui ne peuvent y accéder. Cette distinction risque de renforcer les inégalités sociales, car les patients les plus aisés bénéficient d’un traitement préférentiel, non seulement en termes de confort, mais aussi de délais d’attente pour les opérations.

Cette inégalité d’accès n’est pas seulement une question de confort, mais aussi d’équité dans le traitement des patients. Baptiste Hurni, conseiller aux États et vice-président de l’Organisation suisse des patients, a exprimé son inquiétude face à ce phénomène. Selon lui, cette distinction entre les divisions privée et générale pourrait entraîner une médecine à deux vitesses, où les médecins privilégient les patients payant pour une division privée, créant ainsi un système où l’accès à des soins de qualité dépendrait de la capacité à payer,relate Watson. Cela soulève la question de savoir si ce système est compatible avec les principes fondamentaux de l’égalité d’accès aux soins qui prévalent dans le système de santé suisse.

Le coût des assurances privées a également des répercussions sur la partie obligatoire des soins, c’est-à-dire la couverture fournie par la LAMal (assurance de base). En effet, ces surcoûts dus aux options privées pèsent sur la collectivité, car 55 % des frais liés à une hospitalisation sont à la charge des cantons. Cela constitue une pression supplémentaire sur les finances publiques, déjà sous tension avec les dépenses de santé croissantes. En outre, la tentation pour certains patients de choisir des interventions non urgentes, simplement pour bénéficier de la division privée, pourrait entraîner une surcharge du système de santé, avec des coûts inutiles qui augmentent les primes d’assurance pour l’ensemble de la population.

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