Sergio Ermotti a repris la direction d’UBS en avril 2023, en pleine période de turbulences financières. Chargé d’intégrer Credit Suisse après sa chute retentissante, estimant qu’il était de son devoir de contribuer à l’écriture de ce chapitre important de l’industrie financière mondiale, le Tessinois a rapidement été confronté à des attentes considérables. À 63 ans, il gère un processus complexe de consolidation et de restructuration visant à préserver la stabilité de l’une des plus grandes banques mondiales.
Pourtant, son salaire exceptionnel pour l’année de 2023, approuvé par 90 % des actionnaires, a suscité un débat intense en Suisse. Politiques et analystes se sont interrogés sur la pertinence de cette rémunération dans un secteur où les erreurs des grandes institutions pèsent parfois lourdement sur les contribuables.
Une rémunération au cœur des controverses
Le salaire de Sergio Ermotti est devenu un point focal des critiques. Avec une rémunération annuelle de 14,4 millions de francs, son salaire a attiré l’attention des médias et de personnalités politiques. Certains, comme Thomas Minder, initiateur de la loi contre les rémunérations abusives, ont dénoncé ce qu’ils considèrent comme un excès injustifié dans un contexte où la confiance envers les banques reste fragile.
Le dirigeant tessinois, conscient des perceptions négatives, a tenté de relativiser ces critiques. « Mon premier salaire mensuel en tant qu’apprenti était de 350 francs. Je connais la valeur de l’argent et je comprends que mon salaire actuel semble anormal pour beaucoup », a-t-il confié. Il a également rappelé que de telles rémunérations sont moins controversées dans d’autres secteurs comme le sport ou le divertissement. Selon lui, ce salaire reflète la complexité de la mission qu’il assume, notamment l’intégration de Credit Suisse dans un système bancaire plus vaste.
Une stratégie pour renforcer la résilience d’UBS
Sous la direction de Sergio Ermotti, UBS se concentre sur l’intégration des actifs et des clients de Credit Suisse, un processus qu’il qualifie de « sur la bonne voie ». L’un des défis majeurs, selon lui, reste la migration des systèmes informatiques, une tâche délicate mais cruciale pour l’avenir de la banque fusionnée.
Malgré les craintes exprimées sur la domination d’UBS sur le marché suisse, Sergio Ermotti insiste sur la persistance d’une concurrence saine. Avec plus de 200 banques actives en Suisse, il rejette l’idée que cette consolidation affaiblisse le paysage financier. De plus, il met en avant la contribution d’UBS à l’économie nationale, que ce soit à travers les emplois ou les impôts.
Pour répondre aux inquiétudes des contribuables concernant le risque systémique, Ermotti souligne que la banque est bien mieux capitalisée qu’après la crise financière de 2008. Il affirme qu’UBS dispose aujourd’hui de 200 milliards de dollars pour absorber d’éventuelles pertes, réduisant ainsi le risque pour le secteur public.