Le débat sur les emplois d’été à Genève prend une tournure intéressante. La majorité de droite du Grand Conseil a récemment proposé une loi visant à exclure ces emplois du salaire minimum, un changement qui pourrait toucher de nombreux jeunes travailleurs.
Bien que cette initiative fasse déjà débat, elle s’inscrit dans un contexte économique où la question du pouvoir d’achat et de l’emploi des jeunes est cruciale. Si cette proposition est adoptée, elle pourrait entrer en vigueur dès l’été prochain, mais elle est loin de faire l’unanimité. Focus sur les arguments des deux camps et les enjeux de cette réforme.
Une réforme qui veut encourager l’emploi étudiant
Du côté des défenseurs de la réforme, l’argument principal réside dans la raréfaction des emplois d’été depuis l’introduction du salaire minimum en 2020. Pour les partis de droite (PLR, UDC, Centre, LJS), la conséquence de ce salaire garanti a été directe : de nombreuses entreprises ont cessé de proposer des postes temporaires, jugés trop coûteux. Jacques Béné, rapporteur du PLR, parle même d’un « effet collatéral regrettable », soulignant que ce changement a limité les opportunités de travail pour les étudiants, d’après Watson.
La réforme vise à alléger cette contrainte salariale en permettant aux employeurs de rémunérer les jeunes travailleurs à 75% du salaire minimum, soit environ 18,36 CHF de l’heure au lieu des 24,48 CHF réglementaires. Selon ses partisans, cette mesure permettrait de rendre les jobs d’été plus accessibles, en particulier pour les jeunes à la recherche de leur première expérience professionnelle. Le projet est strictement encadré : les emplois ne doivent pas excéder 60 jours, doivent être limités aux périodes de vacances scolaires et universitaires, et seuls les étudiants inscrits dans un établissement de formation reconnu y sont éligibles. L’idée est claire : encourager les entreprises à recruter tout en offrant aux jeunes un pied dans le monde du travail.
L’argument de la droite est donc de redonner un coup de pouce aux jeunes travailleurs en ouvrant des possibilités qu’ils jugent aujourd’hui manquantes. De plus, ce projet s’inspire d’autres cantons, comme Neuchâtel, où cette exemption existe déjà, sans qu’aucune conséquence négative notable n’ait été rapportée.
Les critiques de la gauche : un recul social ?
Mais cette proposition n’est pas du tout du goût de la gauche, qui voit dans cette réforme un danger pour les droits des travailleurs et un « recul social ». Les partis comme le PS et les Verts dénoncent cette réduction salariale et s’inquiètent des effets sur les jeunes les plus vulnérables. Selon Romain de Sainte-Marie, membre du PS, cette mesure pénalise les étudiants, qui comptent souvent sur leurs jobs d’été pour financer leurs études et subvenir à leurs besoins essentiels. La réduction de 25% du salaire minimum serait, selon lui, une injustice, notamment dans un canton comme Genève où le coût de la vie est élevé.
Les opposants à la réforme soulignent également qu’il n’y a aucune preuve formelle que le salaire minimum ait effectivement réduit le nombre d’emplois d’été. Pour eux, d’autres facteurs, comme la crise économique, l’inflation ou l’évolution des besoins du marché du travail, jouent un rôle beaucoup plus important dans cette dynamique. Angèle-Marie Habiyakare, élue verte, qualifie la proposition de « régression sociale », arguant que baisser la rémunération des jeunes travailleurs n’est pas une solution viable. Selon elle, la réduction du salaire minimum pour les jobs d’été pourrait entraîner un effet domino, où d’autres secteurs pourraient également réclamer des exceptions.
Ainsi, la gauche voit dans cette réforme un précédent dangereux, qui pourrait remettre en cause le salaire minimum pour d’autres catégories de travailleurs. Leur crainte est de créer un précédent qui pourrait, à terme, affecter des secteurs essentiels comme la santé ou les services sociaux.








