L’introduction du salaire minimum à Genève n’a pas eu d’impact sur le taux de chômage et a amélioré les perspectives d’emploi pour les femmes.
Genève : Les femmes ont profité de l’introduction du salaire minimum, pas les jeunes
L'introduction du salaire minimum à Genève à la fin de 2020 s'inscrit dans un contexte socio-économique visant à réduire les inégalités sur le marché du travail et à soutenir les travailleurs à faible revenu. Cette mesure a effectivement amélioré les perspectives d'emploi pour les femmes, mais elle a également eu des répercussions significatives sur les jeunes hommes, en particulier ceux âgés de 18 à 25 ans sans diplôme secondaire.
Lors de la campagne de vote, deux visions s'opposaient clairement. D'un côté, les partisans de la mesure, principalement issus de la gauche politique et des syndicats, y voyaient un outil essentiel pour lutter contre la précarité et les disparités salariales. De l'autre, les opposants, majoritairement de droite et du milieu patronal, craignaient une éventuelle augmentation du chômage.
Le salaire minimum a eu un effet positif sur le taux de chômage des femmes
Selon une étude menée par la Haute École de gestion et l'Université de Genève, l'instauration du salaire minimum a significativement amélioré les perspectives d'emploi pour les femmes, leur donnant un avantage par rapport à leurs homologues masculins. L'étude révèle en effet une augmentation de 6,5 % de la probabilité pour les femmes de retrouver un emploi. « Je me réjouis de voir que le salaire minimum a réduit les inégalités entre les femmes et les hommes sur le marché de l'emploi, même si ces inégalités persistent malheureusement encore », se félicite Delphine Bachmann, cheffe du Département de l'économie et de l'emploi.
Les résultats de la première partie de l'étude mettent en lumière le fait que les femmes sont souvent concentrées dans des emplois à bas salaires, secteurs où le salaire minimum agit comme un levier. Ainsi, le salaire minimum n'a globalement pas eu d'impact sur le taux de chômage. Une conclusion qui est corroborée par cette deuxième partie de l'étude, qui analyse en détail les données sur le chômage par catégories socio-professionnelles. « Nos inquiétudes initiales ne sont pas complètement confirmées par ces nouvelles données, mais elles ne sont pas non plus totalement dissipées », a souligné Pierre-Alain L'Hôte, président de l'Union des associations patronales genevoises (UAPG). Il est crucial de souligner que, même si la durée du chômage des femmes a diminué, elle reste supérieure à celle des hommes.
Conséquences pour les jeunes hommes
Parallèlement, l’étude indique qu’il y a eu des conséquences significatives sur les jeunes hommes de 18 à 25 ans sans diplôme du secondaire II. L'étude a mis en lumière les défis rencontrés par cette catégorie souvent vulnérable du marché du travail.
Les jeunes hommes sans diplôme doivent faire face à un contexte économique qui se resserre, avec des exigences croissantes du marché. L'instauration d'un salaire minimum à 24,32 francs de l'heure, bien qu'elle vise à protéger les travailleurs à bas salaires, a indirectement accru la pression sur les jeunes moins qualifiés. En effet, les entreprises sont confrontées à des coûts de main-d'œuvre plus élevés, ce qui les pousse à être plus sélectives lors de l'embauche. En conséquence, les jeunes hommes sans qualifications, qui représentent souvent une main-d'œuvre moins expérimentée, sont mis à l'écart.
Selon Davide De Filippo, président de la Communauté genevoise d'action syndicale (CGAS), ces conclusions ne sont pas surprenantes. À l'origine de l'initiative qui a abouti à l'introduction du salaire minimum dans le canton, la CGAS se réjouit de l'effet positif sur les femmes. En ce qui concerne les jeunes, il relève que le marché du travail s'est tendu et appelle les entreprises à donner une chance aux jeunes demandeurs d'emploi.