Le salaire d’entrée des jeunes diplômés en commerce sous pression en Suisse

La rémunération des jeunes diplômés du commerce est en net recul, alors que leurs attentes et leurs besoins financiers augmentent.

Publié le
Lecture : 3 min
jeune diplomé
Le salaire d’entrée des jeunes diplômés en commerce sous pression en Suisse | Econostrum.info - Suisse

Le certificat fédéral de capacité (CFC) d’employé de commerce figure parmi les formations les plus populaires en Suisse. Chaque année, environ 12 500 jeunes adultes obtiennent ce diplôme, leur ouvrant normalement les portes d’une carrière stable dans le secteur tertiaire. 

Mais une récente enquête révèle une évolution inquiétante du traitement salarial réservé à ces nouveaux professionnels. Une part croissante d’entre eux perçoit un salaire inférieur aux recommandations officielles, malgré leur qualification.

Une part record de jeunes diplômés rémunérés en dessous des recommandations

Selon une enquête de la Société suisse des employés de commerce menée auprès de près de 4000 jeunes diplômés en 2024, 39,9 % des titulaires d’un CFC en commerce ont touché un salaire inférieur à la recommandation de 58 500 francs par an, soit 4500 francs par mois sur 13 mois. Cette situation marque une forte dégradation par rapport à l’année précédente, où ce taux s’élevait à seulement 18,6 %. Il s’agit du plus haut niveau enregistré depuis le début de ces enquêtes en 2006.

La recommandation salariale comprend une adaptation annuelle du salaire liée au renchérissement, fixée à 0,8 % pour 2024, soit 468 francs. Or, cette compensation n’a pas été appliquée par un grand nombre d’employeurs. Cette stagnation du salaire réel pèse d’autant plus sur le pouvoir d’achat des jeunes diplômés qu’ils accèdent rarement à des hausses individuelles. Kathrin Ziltener, responsable de la formation professionnelle au sein du syndicat, observe : « Il semble que les entreprises, en période de difficultés économiques, commencent par économiser sur les échelons les plus bas de la hiérarchie, en réduisant les coûts liés aux jeunes diplômés. »

Un autre facteur accentue ce déséquilibre : beaucoup de jeunes restent dans l’entreprise où ils ont effectué leur apprentissage. Le passage d’un statut d’apprenti à celui d’employé se fait alors sans véritable négociation salariale, affaiblissant encore la position de ces nouveaux professionnels. L’association alerte sur une perte de motivation liée à ce manque de reconnaissance financière. Bien que le salaire ne soit pas le seul critère de choix d’une carrière, il pèse fortement sur le bien-être et la projection des jeunes dans leur avenir professionnel.

Une revalorisation difficile dans un contexte économique incertain

Face à ce constat, la Société des employés de commerce a demandé une augmentation salariale de 5 % pour les jeunes professionnels du commerce. Cette demande intègre un effet de rattrapage cumulé de 3,1 % et une hausse des salaires réels de 0,5 %, en plus de la compensation du renchérissement. Néanmoins, atteindre cette augmentation pourrait s’avérer complexe. L’an dernier, les partenaires sociaux des principales conventions collectives de travail n’avaient convenu que d’une hausse nominale moyenne de 2,1 %.

Le contexte économique et géopolitique incertain constitue un frein à cette revendication. Plusieurs entreprises se montrent réticentes à adopter des hausses généralisées, invoquant une prudence budgétaire face aux incertitudes. Pourtant, le syndicat souligne qu’un salaire attractif constitue un levier stratégique pour maintenir l’attractivité du métier, préserver la motivation des jeunes et assurer la relève dans un secteur clé de l’économie helvétique.

L’enquête relève également d’autres aspects du quotidien professionnel des apprentis et jeunes diplômés. Si les recommandations concernant les salaires en apprentissage sont globalement respectées – notamment 770 francs en première année, 980 en deuxième et 1480 en troisième – un autre sujet préoccupe : les heures supplémentaires. Près de la moitié des sondés déclarent en effectuer chaque semaine. Et 7 % indiquent ne pas être rémunérés pour ces heures, un chiffre en hausse de 1,1 point par rapport à l’année précédente. La majorité bénéficie néanmoins d’une compensation sous forme de temps libre.

Les résultats montrent que si les jeunes apprécient globalement leur formation – 93,8 % en donnent une évaluation positive – leur entrée sur le marché du travail est assombrie par des conditions salariales qui peinent à refléter la valeur de leur qualification.

Laisser un commentaire

Share to...