Rolex et Breitling auraient suspendu leurs exportations vers les États-Unis face aux taxes de Trump

Rolex, Breitling et d’autres marques suisses auraient suspendu leurs expéditions vers les États-Unis face aux nouvelles taxes de Trump.

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Rolex et Breitling auraient suspendu leurs exportations vers les États-Unis face aux taxes de Trump | Econostrum.info - Suisse

L’annonce de droits de douane pouvant fortement alourdir le coût des produits importés a provoqué des réactions immédiates dans plusieurs secteurs. Le monde de l’horlogerie, pilier des exportations suisses, n’échappe pas à cette incertitude. Certaines marques auraient préféré geler leurs livraisons le temps d’évaluer les conséquences de cette politique commerciale.

Le marché américain, qui représente près de 17 % des exportations horlogères suisses, soit 4,37 milliards de francs suisses en 2024, est un débouché stratégique pour le secteur. Une interruption, même temporaire, des expéditions pourrait avoir des répercussions directes sur l’emploi et la production en Suisse, rapporte Watson.

Une réaction immédiate à une politique douanière agressive

À la suite des annonces du président Trump sur l’instauration de nouveaux droits de douane, plusieurs entreprises étrangères ont choisi d’interrompre temporairement leurs livraisons aux États-Unis. Parmi elles, le constructeur automobile Jaguar Land Rover, propriété du groupe indien Tata Motors, a indiqué avoir suspendu ses exportations pour « répondre aux besoins de ses clients dans le monde entier », en attendant de mieux comprendre les nouvelles conditions commerciales.

Volkswagen a également retenu tous ses modèles Audi dans les ports américains en réaction à l’imposition d’un tarif de 25 %, tout en précisant disposer encore de 37 000 véhicules en stock, équivalant à deux mois de ventes. Le secteur du jouet a aussi réagi : la société Basic Fun, basée en Floride, a cessé toute expédition de jouets fabriqués en Chine, évoquant des hausses tarifaires comprises entre 54 % et 104 %, jugées intenables par son directeur général, Jay Foreman.

La Chine, ciblée directement par ces mesures, a répliqué par des hausses tarifaires de 34 %, qui ont aussitôt été suivies par une nouvelle salve de 50 % supplémentaires de la part des États-Unis.

Les marques suisses de luxe sur pause

Selon les propos rapportés par Erik Boneta, fondateur de Boneta Inc., entreprise new-yorkaise spécialisée dans l’achat et la vente de montres de luxe, « toutes les grandes marques ont suspendu leurs expéditions » vers les États-Unis. Il affirme que les maisons horlogères suisses attendent de voir l’évolution des droits de douane avant de décider de relancer leurs livraisons, ajoutant que « les Suisses ne prennent pas de décisions rapides. Ils prennent leur temps et réfléchissent ».

Contactée par le média helvétique, Rolex a déclaré ne pas avoir de commentaire à faire à ce sujet. Audemars Piguet, de son côté, a confirmé avoir constitué un groupe de travail interne afin d’étudier des plans d’ajustement face à la nouvelle politique tarifaire américaine. Leur priorité, selon Laura Marino, responsable média, reste de soutenir leurs équipes et leurs clients.

Swatch a également été sollicité par le média suisse mais n’a pas souhaité commenter la situation.

Un marché en attente et des expéditions accélérées pour les plus petites structures

L’alerte lancée par les grandes marques n’est pas isolée. D’après un expert suisse de l’horlogerie cité par la source, très peu de commandes ont été confirmées par les détaillants américains depuis les annonces tarifaires, et les grandes maisons n’ont pas procédé à de nouvelles expéditions.

Certaines petites manufactures de luxe auraient réagi dans l’urgence : dès l’annonce des mesures par Donald Trump, leurs représentants auraient quitté précipitamment le salon Watches and Wonders de Genève pour envoyer des montres aux États-Unis avant que les nouvelles taxes n’entrent en vigueur.

Dans le secteur alimentaire, la menace est également prise au sérieux. Philippe Bardet, directeur de l’Interprofession du Gruyère AOP, a déclaré qu’un scénario envisageait une hausse de 50 % du prix de ce fromage sur le marché américain. Mais contrairement aux horlogers, il n’a pas été question, à ce stade, de bloquer les livraisons en attente de précisions sur les conditions tarifaires.

Pour l’horlogerie suisse, cette suspension des exportations constitue une source d’inquiétude. Oliver Müller, fondateur du cabinet LuxeConsul, souligne que vendre moins aux États-Unis entraînerait une baisse des commandes, une diminution des emplois en Suisse et des effets négatifs sur l’économie nationale.

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