La Ville de Genève traverse une période financière difficile avec un déficit prévisionnel de 69,3 millions de francs pour l’année 2026. Afin de remédier à cette situation, le conseiller administratif Alfonso Gomez a présenté un plan de rigueur visant à limiter les dépenses publiques. Parmi les mesures les plus marquantes, figure le gel des mécanismes des salaires pour le personnel municipal.
Cette décision exceptionnelle intervient dans un contexte marqué par une baisse significative des recettes fiscales, conséquence directe des récentes réductions d’impôts. Si cette solution est perçue comme une nécessité face à l’urgence financière, elle soulève également des questions sur l’impact de ces ajustements sur la qualité des services publics à Genève.
Gel des salaires : une mesure exceptionnelle face à un déficit structurel
Le déficit de 69,3 millions de francs dans le budget 2026 de Genève résulte en grande partie de la révision à la baisse des prévisions fiscales cantonales, qui ont conduit à une diminution de 28 millions de francs des recettes fiscales. Face à cette situation, la Ville a été contrainte de prendre des mesures de rigueur. La plus notoire d’entre elles est le gel des mécanismes salariaux, une décision qui a été prise pour la première fois depuis 1997. Le gel des salaires devrait permettre à la municipalité d’économiser 5,9 millions de francs, tandis que l’absence d’indexation des salaires pour l’année à venir permettra de réaliser une économie supplémentaire de 2,3 millions de francs.
Alfonso Gomez a précisé que cette mesure était « exceptionnelle » et qu’il n’était pas prévu de reconduire un tel gel dans les années à venir, rapporte Blick. La suspension des mécanismes salariaux concerne principalement les annuités, un élément clé de la rémunération du personnel municipal. Cependant, la décision n’affectera pas tous les secteurs de manière équivalente. Par exemple, une partie du personnel dans les crèches, qui représente entre 1500 et 2000 personnes, sera exemptée de ces restrictions. De plus, les nouveaux postes créés dans le cadre de l’extension des crèches, soit 121 nouvelles places, sont maintenus, garantissant ainsi le soutien au secteur de la petite enfance, un domaine particulièrement sensible.
Le gel des salaires intervient également dans un cadre plus large de réduction des dépenses. Chaque département a dû proposer des économies pour un montant total de 5,3 millions de francs. Certaines subventions ont été réduites, et 55 postes vacants ont été gelés, contribuant à une économie supplémentaire de 6 millions de francs. Bien que ces mesures aient été jugées nécessaires pour répondre à l’urgence budgétaire, elles posent la question de leur impact sur la qualité des services publics, notamment dans des domaines déjà sous pression comme l’éducation et les soins.
Une gestion budgétaire sous pression : vers un équilibre d’ici 2033 ?
Le projet de budget 2026 prévoit des recettes de 1,31 milliard de francs, tandis que les charges s’élèveront à 1,38 milliard, entraînant ainsi un déficit de 69,3 millions de francs. Ce projet fait suite à un premier budget rejeté par le Conseil municipal en octobre, qui affichait un déficit encore plus élevé de 62,1 millions de francs. La Ville a dû revoir ses prévisions fiscales à la baisse en raison de l’actualisation des estimations cantonales. Si aucune mesure de redressement n’est prise, la situation pourrait se dégrader davantage, et un passage en douzième provisoire pourrait porter le déficit à plus de 90 millions de francs, selon les avertissements de Gomez.
Dans ce contexte, le Conseil administratif prévoit de continuer à ajuster le budget chaque année afin de rétablir l’équilibre d’ici 2033. Bien que le gel des salaires et d’autres économies soient des mesures temporaires, la question de la durabilité de ces ajustements reste en suspens. Une augmentation des impôts est envisagée comme une solution possible à long terme, mais Alfonso Gomez a insisté sur le fait qu’aucune option n’était exclue à ce stade. Il est clair que la Ville devra continuer à naviguer entre restrictions budgétaires et maintien de services essentiels à la population.
Ce plan d’austérité, tout en étant nécessaire pour répondre à l’urgence budgétaire, soulève des défis importants sur le long terme, notamment en matière de financement des services publics et de maintien des conditions de travail du personnel municipal.








