Un retraité sur cinq victime de lacunes dans ses cotisations et perçoit une rente AVS au rabais

En Suisse, un retraité sur cinq reçoit une rente AVS partielle à cause de lacunes de cotisations, une situation en forte hausse selon l’Union syndicale suisse (USS), qui réclame des réformes.

Publié le
Lecture : 3 min
rente AVS
Un retraité sur cinq victime de lacunes dans ses cotisations et perçoit une rente AVS au rabais | Econostrum.info - Suisse

Depuis plusieurs années, un nombre croissant de retraités suisses perçoivent une rente AVS réduite. Si l’AVS est un pilier fondamental de la prévoyance vieillesse en Suisse, de nombreuses personnes n’ont pas cotisé suffisamment longtemps pour bénéficier de la rente complète. Selon les analyses de l’USS, la part des retraités concernés par des lacunes dans leurs cotisations a presque doublé en 15 ans. Ce phénomène touche particulièrement les personnes ayant rencontré des interruptions de carrière ou ayant travaillé dans des conditions précaires.

La question des lacunes de cotisation et de l’accessibilité à une rente AVS complète soulève un enjeu majeur pour l’avenir financier de nombreux retraités. Une réflexion s’impose pour adapter le système et éviter que cette situation ne devienne encore plus préoccupante.

Une augmentation alarmante des lacunes de cotisation

Pour bénéficier d’une rente AVS complète, il est nécessaire d’avoir cotisé pendant 44 ans, soit depuis l’année suivant le 20e anniversaire jusqu’à l’âge de la retraite. Toutefois, un nombre grandissant de retraités ne remplit pas cette condition. Selon les données de l’USS, la proportion des retraités recevant une rente partielle est passée d’environ 11 % à près de 19 % en 15 ans, rapporte Blick.

Les raisons de ces lacunes sont variées. Certaines personnes n’ont pas pu cotiser pendant leurs études, lors d’un séjour à l’étranger, ou encore à cause de maladies ou d’accidents prolongés. Le travail au noir représente également un problème majeur, car de nombreux employeurs omettent de verser les cotisations obligatoires à l’AVS, souvent à l’insu de leurs employés. Gabriela Medici, secrétaire centrale de l’USS, explique que ces manquements peuvent affecter durement les retraités, notamment ceux dont les interruptions de carrière ne sont pas de leur fait.

Les migrations constituent un autre facteur complexe. Les personnes arrivées en Suisse après 30 ou 40 ans, et donc n’ayant pas eu suffisamment de temps pour cotiser, se retrouvent souvent avec une rente AVS partielle. Cela renforce l’inégalité entre les retraités, selon l’USS, qui met en lumière le manque de visibilité de ce phénomène dans le débat public.

Des réductions financières concrètes

Les conséquences financières des lacunes de cotisation sont considérables. Chaque année manquante dans les cotisations entraîne une réduction de 2,3 % de la rente AVS, soit environ 60 francs par mois pour une rente de 2520 francs. Cela représente un manque important pour les retraités qui, en raison de ces réductions, se retrouvent avec des rentes bien inférieures à celles attendues.

Pour une grande partie des personnes concernées, il manque entre trois et quatre années de cotisation. Cela conduit à une baisse de 200 francs par mois pour la plupart d’entre elles. Gabriela Medici souligne également un point crucial : de nombreuses personnes ne sont pas conscientes des conséquences financières de leurs lacunes. En effet, pour connaître l’état de leurs cotisations, les assurés doivent demander activement un extrait de leur compte individuel auprès des caisses de compensation. Cette démarche n’est pas automatisée, ce qui rend le système complexe et opaque pour ceux qui souhaitent vérifier leur situation.

Cette absence d’information proactive empêche de nombreuses personnes de prendre conscience de leurs lacunes à temps, ce qui complique encore la situation lorsqu’il s’agit de régulariser leur situation avant qu’il ne soit trop tard.

Trois propositions pour réformer l’AVS

Face à ce constat, l’USS présente trois revendications pour résoudre ce problème et améliorer la transparence du système. La première proposition est l’introduction d’un certificat AVS annuel. Ce certificat devrait être envoyé automatiquement à chaque assuré, précisant les cotisations versées, les années de cotisation et les éventuelles lacunes. Cela permettrait à chacun de savoir immédiatement où il en est et d’anticiper les conséquences de ses cotisations manquantes.

Ensuite, l’USS demande la mise en place de conseils gratuits. Ces conseils devraient être fournis par les caisses de compensation AVS ou un service fédéral, pour aider les assurés à identifier les conséquences possibles d’éventuelles lacunes sur leur rente. Une telle offre permettrait de sensibiliser et d’accompagner les assurés dans la gestion de leur cotisation, leur permettant de prendre les mesures nécessaires avant que les lacunes ne deviennent irréparables.

Enfin, l’USS propose de faciliter le paiement rétroactif des cotisations. Bien que les cotisations manquantes puissent théoriquement être rachetées jusqu’à cinq ans après l’apparition des lacunes, cette possibilité devrait être étendue, notamment dans les cas où les assurés ne sont pas responsables de ces manquements, comme dans le cas du travail au noir. La syndicaliste souligne que si le système des caisses de pension et du troisième pilier permet un rachat plus souple, l’AVS reste trop rigide à cet égard.

Laisser un commentaire

Share to...